Des divergences importantes restent à surmonter en zone euro, notamment entre l'Allemagne et la BCE, pour parvenir à boucler jeudi lors d'un sommet un deuxième plan de sauvetage de la Grèce, indispensable afin d'éviter la contagion de la crise de la dette.

Le président de l'Union européenne Herman «Van Rompuy n'aurait pas convoqué un sommet s'il n'avait pas eu de signaux suffisants des grands pays, et de l'Allemagne en particulier, qu'il y avait suffisamment d'éléments sur la table pour négocier» en vue d'un accord, a indiqué lundi à l'AFP une source européenne proche des discussions.

Toutefois, «il reste des choses à régler entre l'Allemagne et la Banque centrale européenne (BCE) mais aussi entre les États de la zone euro», a-t-elle reconnu sous couvert de l'anonymat.

La France a affiché un optimisme prudent sur les chances de voir le nouveau plan d'aide à la Grèce adopté à temps jeudi. La veille, une réunion de hauts fonctionnaires de la zone euro est prévue pour tenter de mettre la dernière main au compromis.

«Depuis le début de la crise, chaque fois que l'Europe a été au pied du mur, elle a su trouver en elle-même les ressources pour être solidaire et trouver des solutions», a estimé lundi la porte-parole du gouvernement français et ministre du Budget, Valérie Pécresse.

«Les déclarations d'Angela Merkel d'hier disant qu'elle souhaite qu'il y ait du concret jeudi (...) vont dans le très bon sens», a-t-elle ajouté.

La chancelière allemande a fait savoir au cours du week-end qu'elle conditionnait sa présence au sommet de jeudi à «un résultat» concret et a rappelé son exigence de voir les banques participer au second plan d'aide pour Athènes, malgré les fortes réticences de la Banque centrale européenne (BCE), sans exclure une restructuration de dette.

La création d'une taxe bancaire a même été évoquée par la presse allemande pour faire participer les établissements de crédit au nouveau plan d'aide.

Campant sur ses positions, le président de la Banque centrale Jean-Claude Trichet a quant à lui rejeté toute idée de défaut - même partiel - de la Grèce sur ses obligations de remboursement.

Il a réaffirmé qu'une telle situation - que la plupart des options de contribution du secteur privé, pour l'heure à l'étude, entraîneraient - obligerait la BCE à ne plus accepter les obligations de la Grèce en garantie pour prêter de l'argent aux banques. Ce qui contraindrait alors les gouvernements à renflouer eux-mêmes le système bancaire en Grèce et ailleurs dans l'Union monétaire.

«On ne pourra plus accepter ses obligations comme des garanties normales», a-t-il déclaré au quotidien Financial Times Deutschland.

Le bras de fer entre Berlin et la BCE porte sur les modalités de la participation des créanciers privés de la Grèce - banques, assurances, fonds d'investissement - au deuxième plan d'aide au pays, d'un montant similaire au premier de 110 milliards d'euros de prêts.

Alors que l'Allemagne milite pour que les banques versent leur écot, à n'importe quel prix, la BCE et la France s'y opposent, craignant des conséquences encore plus désastreuses pour la zone euro et son système bancaire.

Un accord sur ce point, incontournable pour stopper le risque de contagion à d'autres pays comme l'Italie, est d'autant plus nécessaire que la publication des résultats des tests de résistance du système bancaire européen, vendredi, n'a pas permis de rassurer pleinement les marchés.

Huit banques sur les 91 passées au crible n'ont pas réussi l'examen de passage et doivent renforcer leurs fonds propres, ce qui est mieux que prévu.

Mais lundi matin, les Bourses européennes et les valeurs bancaires étaient orientées à la baisse en raison de l'incertitude avant le sommet de jeudi.