Les marchés ont dégringolé lundi, victimes d'un mouvement de défiance généralisée nourri par les craintes d'une contagion de la crise grecque à d'autres pays européens, dont l'Italie et l'Espagne.

«Nous nous trouvons à un des pires moments de la crise monétaire européenne. L'idée de la contagion de la crise grecque à d'autres pays de la zone euro comme l'Italie et l'Espagne prend de l'ampleur», a souligné Jean-François Robin, stratégiste obligataire chez Natixis.

Un ensemble de facteurs - interrogations sur la croissance économique mondiale, risque de récession en Chine, craintes sur l'Europe, inquiétudes sur les banques - sont en train de se conjuguer pour créer une très forte défiance sur les marchés financiers.

Résultat: les bourses ont chuté lundi, autour des 4% à Lisbonne et Milan, et à près de 3% à Madrid en clôture; Paris a de son côté perdu 2,71%, Francfort 2,33% et Londres a limité ses pertes à 1,03%. Les taux des pays considérés comme fragiles (du fait de leur dette élevée) sont dangereusement remontés à des niveaux mettant en danger leur capacité à rembourser leurs emprunts. L'euro, symbole de la zone euro, a nettement baissé face au billet vert, à 1,4042 dollar vers 12h30, et les valeurs bancaires plongeaient partout en Europe, cédant parfois plus de 8%. La Bourse de New York a suivi le mouvement en s'orientant nettement à la baisse lundi matin cédant plus de 1,5%.

«La défiance se caractérise dans les salles de marché par des ventes d'actifs risqués» et par une fuite vers des valeurs réputées de meilleure qualité, a souligné Vincent Chaigneau, responsable de la stratégie taux à la Société Générale. Ce mouvement de fuite vers la qualité profite aux placements sûrs et en premier lieu, au niveau européen, au franc suisse, à l'or et aux obligations allemandes (le Bund).

Une très forte tension était également palpable sur le marché obligataire européen, qui mesure la confiance des investisseurs dans la capacité des pays à faire face au remboursement de leur dette. Ainsi compte tenu des risques de contagion de la crise grecque à d'autres pays européens notamment l'Italie et l'Espagne, les investisseurs exigent des taux plus élevés pour prêter à ces deux pays qui sont depuis quelques jours dans leur collimateur.

Les taux à dix ans espagnols et italiens ont atteint des records historiques entre 5,5% pour l'Italie et plus de 6% pour l'Espagne. Il s'agit des niveaux les plus élevés depuis la création de l'euro et qui, sur le moyen-long terme, sont intenables et mettent en question la capacité de ces pays à rembourser leur dette.

Si l'Italie n'arrive plus à se financer pour rembourser sa dette publique, c'est une véritable catastrophe pour l'Europe, indique-t-on dans les salles de marché. La chancelière allemande Angela Merkel s'est d'ailleurs entretenue lundi au téléphone avec son homologue italien Silvio Berlusconi pour réclamer que Rome adopte rapidement son budget d'austérité.

L'Italie, dont la dette, l'une des plus élevées du monde en valeur absolue, représente environ 120% du PIB, est victime depuis vendredi de tensions politiques et d'un début de scandale autour du ministre des Finances.

Parallèlement, le dossier grec traîne en longueur, les Européens n'arrivant toujours pas à se mettre d'accord sur le deuxième plan de sauvetage de la Grèce et le rôle des banques.

Autre signe qui ne trompe pas, l'élargissement de l'écart de taux entre la dette allemande et française. Ce fameux «spread» a atteint un niveau historiquement élevé (0,65 point de base) ce qui signifie que les investisseurs se replient et privilégient la dette allemande, considérée comme au-dessus de tout risque. C'est tout un symbole et cela résume l'état d'esprit dans les salles de marché, fait remarquer M. Robin.