Carole Morinville s'est approprié les sommes de ses clients pour son bénéfice personnel, révèle la preuve déposée par la syndic adjointe de la Chambre de la sécurité financière, ordre professionnel qui régit notamment les représentants en assurance-vie et en épargne collective.

En s'appuyant sur les témoignages entendus pendant les deux jours qu'a duré l'audience disciplinaire et d'une déclaration volontaire de Carole Morinville, l'avocat de la syndic adjointe, Me Éric Cantin, a dans sa plaidoirie demandé au comité de discipline de condamner l'ex-conseillère financière pour l'ensemble de la vingtaine de chefs d'accusation figurant à la plainte. Les chefs d'accusation les plus graves portent sur l'appropriation des biens de ses clients et d'entrave au travail de l'enquêteur du syndic.

La déclaration de Mme Morinville fait l'objet d'une ordonnance de non-publication qui nous empêche d'en révéler la teneur. Mme Morinville ne s'est pas présentée à son audience disciplinaire.

Pour sa part, l'avocat de l'intimée, Me Robert Delorme, s'est contenté dans sa plaidoirie de prévenir les trois membres du comité présidé par François Folot d'éviter les condamnations multiples pour une même infraction. Il a aussi souligné le peu de crédibilité de l'un des témoins entendus.

«On fait un chèque, on fait confiance»

Mme Morinville demandait à ses clients qui sont venus témoigner de faire un chèque au nom d'une société à numéro qu'elle contrôlait. Carole Morinville affirmait aux clients que les sommes allaient être investies chez Manuvie. À l'occasion, elle faisait miroiter des rendements d'intérêt à taux élevé grâce à des placements offshore, tout en étant garantis. Les clients ne recevaient presque jamais de documents.

«On fait un chèque, on fait confiance. Pendant ce temps, on (Carole Morinville) utilise le compte de banque», a résumé le procureur.

Le stratagème à la Ponzi - «on prend à un pour remettre à l'autre», a expliqué Me Cantin - s'est effondré quand une cliente de Mme Morinville, qu'une ordonnance de non-publication nous empêche d'identifier, a demandé le remboursement de son investissement de 150 000$. Surprise, Carole Morinville s'est mise à la chasse aux dollars.

La femme de 50 ans a d'abord demandé à un client potentiel de placer 150 000$ dans sa société à numéro. Y.G., comme il est identifié dans la plainte, a finalement choisi de ne pas faire affaire avec Mme Morinville.

Coup de pot, une de ses clientes, une personnalité connue de la scène culturelle qui est venue témoigner, cherchait à l'époque à vendre son appartement. Mme Morinville s'est chargée de lui trouver un acheteur et la transaction a été menée promptement avec un profit de 150 000$ pour la cliente. Parce qu'elle devait quitter le pays le lendemain de la transaction, sa cliente a signé un chèque de 125 000$ devant être placé auprès de Manuvie au nom de la société à numéro. L'argent a plutôt servi à rembourser la dame qui réclamait ses 150 000$.

Au terme de son témoignage, la jeune femme a refusé de répondre aux questions des médias s'esquivant par une porte. Les deux journalistes présents sur place ont eu droit à un beau petit sourire de la part de la célébrité.

Le comité de discipline a mis la cause en délibéré. Si elle est reconnue coupable, Carole Morinville risque la radiation à vie de la profession. Elle fait déjà l'objet d'une radiation provisoire depuis le 13 juillet 2010. Mme Morinville est également accusée de fraude au criminel.