Le ministre des Finances, Raymond Bachand, défend avec vigueur les hausses de droits de scolarité prévues dans son budget, alors que les étudiants de cégeps et d'universités ont commencé à manifester lors de ses sorties publiques.                                                                                                                                

Dans son budget déposé jeudi, le ministre prévoit des augmentations successives de droits de scolarité de 325 $ par an à partir de 2012-2013, et ce, jusqu'en 2016-2017. Ces droits passeront donc de 2168 $ à 3793 $ en 2016-2017.

Ils étaient plusieurs dizaines, vendredi midi à Montréal, à manifester devant l'hôtel où le ministre des Finances prenait la parole, devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, au lendemain de la présentation de son budget.

«Tant et aussi longtemps qu'il ne voudra pas cesser la hausse des frais de scolarité, on sera là pour le lui dire. On va intensifier la mobilisation; on va intensifier nos pressions tout au long de la session d'hiver, tout aussi longtemps dans la session d'automne qu'il faudra le faire. On va augmenter la pression et on espère que monsieur Bachand va entendre raison», a prévenu en entrevue Léo Bureau-Blouin, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, présent à la manifestation.

Le ministre Bachand ne s'est pas laissé décourager par cette promesse de manifestations à répétition. «C'est un pays libre», a-t-il lancé aux journalistes qui l'interrogeaient à ce sujet.

Il a fait valoir que grâce à leur diplôme universitaire, ces étudiants auront un bien meilleur salaire et qu'il est donc juste et normal qu'ils contribuent davantage à leur éducation supérieure. «J'ai de la difficulté à comprendre que quelqu'un qui va faire des centaines de milliers de dollars de plus avec son diplôme universitaire que s'il était diplômé du secondaire n'accepte pas d'investir un peu pour son éducation», a-t-il justifié.

«Les étudiants seront encore, dans un certain nombre d'années, dans six ans, à 70 pour cent de la moyenne canadienne d'aujourd'hui. Je pense que les citoyens du Québec demandent aux étudiants de faire leur juste part aussi», a lancé le ministre Bachand.

Il a aussi soutenu qu'avec les hausses de droits annoncées, le réinvestissement en partie dans l'aide financière aux étudiants, ainsi que les universités qui seront appelées à faire leur bout de chemin, les étudiants seront traités équitablement. «Je ne vois pas où, en Amérique du Nord, les étudiants universitaires en auront plus pour leur argent qu'au Québec», a-t-il lancé.

De son côté, le recteur de l'Université de Montréal, Guy Breton, présent lors de l'allocution du ministre Bachand, a même affirmé que ces hausses n'étaient pas imposées à un rythme très soutenu, compte tenu du retard pris après toutes ces années de gel des droits de scolarité. «Si j'avais à faire un commentaire sur la vitesse, je pense que ça va lentement. Ça nous aura pris 49 ans pour en revenir au même point. On sera en 2017 là où on était en 1968», a souligné M. Breton.

Grâce à la bonification de l'aide financière, le budget a réussi selon lui à protéger les étudiants moins fortunés. «L'important, c'est de s'assurer qu'il y a du soutien financier adéquat, qu'il y a des bourses, qu'il y a un mécanisme qui fait que les moins bien nantis sont capables d'aller à l'université quand même», a-t-il fait valoir.