Dès 2012, les étudiants paieront 325$ de plus par année pour fréquenter les universités québécoises. Le gouvernement Charest a tenu sa promesse et a augmenté les droits de scolarité, hier, semant le mécontentement chez les étudiants.

Cette hausse, qui s'étalera sur cinq ans, fera passer les droits de scolarité de 2168$ à 3793$ en 2017, peu importe la discipline étudiée.

«C'est la plus grosse attaque à l'accessibilité des études faite par un gouvernement depuis plus de 20 ans», a déclaré le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Louis-Philippe Savoie. «Les étudiants et leurs familles ne peuvent pas assumer une telle hausse. On va se mobiliser et on ne lâchera pas tant que le gouvernement ne reculera pas», a ajouté le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Léo Bureau-Blouin, qui promet une manifestation dès aujourd'hui à Montréal.

Le Plan de financement des universités québécoises prévoit une augmentation de 25% des revenus des universités d'ici à 2017, une hausse de 850 millions de dollars. Québec en absorbera 530 millions, si bien que sa contribution au budget total des universités baissera de 54% à 51,4%.

Les étudiants sont quant à eux appelés à «faire leur juste part», a dit le ministre des Finances, Raymond Bachand. Ils verront leur participation passer de 12,7% à 16,9%.

Le gouvernement a répété que, malgré ces hausses, les étudiants québécois paieront toujours moins que ceux des autres provinces canadiennes. Mais ces déclarations n'ont pas suffi à calmer les étudiants.

«Avec les frais afférents, la facture est déjà de 4500$ par année. Les jeunes ont l'impression que les gens au gouvernement ont profité d'études accessibles pour monter dans l'échelle et que, aujourd'hui, ils enlèvent l'échelle pour la génération montante», a affirmé M. Savoie.

Critique du Parti québécois en matière de finances, Nicolas Marceau a qualifié de «scandaleuse» la hausse des droits de scolarité: «Plusieurs études montrent que des hausses de cette ampleur se traduisent par une diminution de l'accessibilité. Le taux d'obtention de diplôme va diminuer et ça va avoir des conséquences sur notre développement économique.»

Au contraire, Françoise Bertrand, présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec, estime que le gouvernement fait preuve de courage: «On aurait souhaité une hausse encore plus élevée pour rejoindre la moyenne canadienne, mais c'est un bon début.»

Courtiser les entreprises

Le gouvernement souhaite également que les entreprises contribuent davantage au financement des universités. Il espère faire passer les dons annuels de 111 à 165 millions.

Pour y arriver, 30 millions supplémentaires seront versés dans les Placements universités, une mesure visant à encourager les dons. Chaque établissement devra hausser ses dons de 8% en 5 ans. Grâce au nouveau Fonds pour l'excellence et la performance universitaires, le gouvernement versera de 0,50$ à 1$ aux établissements pour chaque dollar collecté.

Les universités sont aussi invitées à hausser de 2,7% leurs revenus provenant de la recherche et de la formation continue.

Aide financière aux études

Mince consolation pour les étudiants, le gouvernement bonifie le régime de prêts et bourses, dans lequel il versera 35% de l'argent obtenu par la hausse des droits de scolarité. Le seuil de contribution parentale sera modifié. À terme, cela permettra aux étudiants de toucher jusqu'à 1256$ supplémentaires par année sous forme de prêt. La FEUQ estime que ce sont là des miettes.

Si le gouvernement hausse les subventions aux universités, il demande en contrepartie une reddition de comptes plus serrée. Les universités devront signer des «ententes de partenariat» avec Québec, dans lesquelles elles se fixeront des cibles, notamment sur la qualité de l'enseignement. Les établissements qui n'atteignent pas leurs cibles s'exposeront à des pénalités, a averti la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp.