Le milieu des affaires s'est montré ambivalent face au budget Bachand, heureux de certaines mesures mais déçu par d'autres.

En entrevue, la présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand, a salué le «courage» du gouvernement d'avoir haussé les droits de scolarité à l'université pour assurer un meilleur financement de ces institutions, bien que la fédération demandait des hausses plus élevées.

Elle le félicite encore pour son «courage» d'avoir haussé les contributions au Régime des rentes du Québec, une mesure qui vise à mieux assurer la pérennité du régime.

Mme Bertrand manifeste toutefois son scepticisme face au contrôle des dépenses gouvernementales, puisqu'elle ne perçoit toujours pas d'efforts suffisants en ce sens dans les domaines de la santé et de l'éducation, soit les deux plus gros postes budgétaires du gouvernement.

À la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le président Michel Leblanc se dit «ambivalent» face au budget en général.

Il se dit «heureux qu'on reconnaisse que les universités sont sous-financées» mais estime que les hausses de droits de scolarité annoncées sont insuffisantes. «On continue de maintenir les universités dans une situation précaire», déplore M. Leblanc.

Du côté de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, on affirme que les petites et moyennes entreprises sont malmenées par ce budget, puisqu'elles devront payer des cotisations plus élevées à la Régie des rentes, en plus de voir les subventions aux entreprises réduites.

La FCEI s'insurge aussi contre le fait que les employeurs seront tenus d'offrir un régime de pension agréé collectif à leurs employés. Les entrepreneurs ne seront pas tenus d'y cotiser, mais la FCEI craint que cela devienne inévitable éventuellement.

La vice-présidente de la FCEI, Martine Hébert, trouve aussi curieux que le ministre crée des fonds pour les entreprises en démarrage ou pour assurer la relève «mais n'offre rien pour favoriser la survie et la croissance des entreprises existantes».

Chez les Manufacturiers et exportateurs du Québec, on se réjouit des mesures qui encouragent les entreprises qui exportent. «C'est une très bonne nouvelle», particulièrement celle du guichet unique en la matière, a opiné en entrevue le président de MEQ, Simon Prévost.

M. Prévost a toutefois protesté contre la hausse des cotisations au Régime des rentes. «On ne reçoit pas ça très bien.» Il aurait souhaité que cette augmentation de la taxe sur la masse salariale pour la Régie des rentes soit au moins compensée par une baisse des cotisations à d'autres régimes, comme celui de l'assurance parentale.

Du côté syndical, c'est la déception

La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, dit comprendre les hausses de cotisations annoncées au Régime des rentes du Québec et qui visent à assurer la pérennité du régime, mais elle s'insurge contre les restrictions adoptées pour renflouer la caisse, notamment celle qui accroît les pénalités pour les travailleurs qui prennent leur retraite à 60 ans. Dans certains cas, les emplois sont si exigeants physiquement que les travailleurs n'ont guère le choix, fait valoir la dirigeante syndicale.

Pour ce qui est de l'autre grande mesure du budget, la hausse des droits de scolarité, «c'est un véritable désastre» qui frappera particulièrement les étudiants de la classe moyenne, a déploré Mme Carbonneau.

Le président de la FTQ, Michel Arsenault, se dit aussi déçu du budget. «On est déçu par l'obsession du ministre Bachand à atteindre l'équilibre budgétaire en 2014. C'est dangereux. Nous sommes en sortie de crise. La sortie de crise est fragile et, dans la situation mondiale actuelle, serrer la vis peut être dangereux», a-t-il opiné.

Pour ce qui est du Régime des rentes, la FTQ avait proposé de hausser les prestations et se retrouve avec une hausse des cotisations. Néanmoins, «on n'avait pas le choix; on ne peut contourner ça», a opiné M. Arsenault. Si on veut avoir une retraite décente, dit-il, il faudra mettre la main dans sa poche.

Comme Mme Carbonneau, il s'attriste des hausses des droits de scolarité. «C'est dommage, surtout pour les gens des régions, de la classe moyenne et les moins fortunés», a commenté le dirigeant syndical.

Le FRAPRU déçu

Au Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), le coordonnateur François Saillant se montre déçu du nombre moindre que prévu de logements sociaux.

En campagne électorale en 2008, le premier ministre et chef libéral Jean Charest avait promis «au moins» 3000 logements sociaux par année pendant cinq ans. Or, le présent budget en prévoit 2000.

«On tombe à 2000 logements. Ça vient d'enlever 70 millions $ aux mal-logés et aux sans-abri», a déploré M. Saillant.

Dans les Centres de la petite enfance, on se réjouit que les places maintes fois annoncées semblent enfin en voie de se concrétiser. Le directeur général de l'Association des CPE, Jean Robitaille, a rappelé en entrevue que cette annonce était «très attendue».

Les 15 000 places devaient être développées avant 2013; elles le seront maintenant d'ici 2015-16. «C'est un peu trop long», commente M. Robitaille, mais les CPE feront avec. Et ils seraient même prêts à ouvrir les places plus rapidement, si besoin est, et si le financement suit, insiste-t-il.