Les ministres des Finances du G7 seront jeudi soir au chevet du Japon pour dresser un premier bilan de l'impact économique du séisme et de l'accident nucléaire dans l'archipel, et lui manifester leur solidarité.

«Il faut que l'on soit à la disposition de nos amis japonais pour la partie monétaire», a estimé mercredi la ministre française Christine Lagarde.

Paris préside actuellement le groupe des grands argentiers des pays les plus industrialisés de la planète (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), et a pris l'initiative de cette réunion téléphonique qui débutera à 22h00 GMT (18h00 à Montréal).

Cette téléconférence intervient au moment où le yen bat des records historiques, ce qui pourrait compliquer la situation pour l'économie nippone déjà confrontée à l'énorme défi de la reconstruction.

Les ministres et gouverneurs des banques centrales devront «voir de quelle manière on souscrit (aux) émissions d'obligations (japonaises), de quelle manière on réagit sur le plan financier», a déclaré Christine Lagarde.

Dans son entourage, on précise que la réunion ne débouchera pas forcément sur des décisions concrètes.

Il s'agit avant tout de «manifester le soutien du G7» au ministre japonais Yoshihiko Noda, qui fera «un tour d'horizon de la situation de l'économie, des marchés financiers et des changes» et qui «expliquera les premières mesures budgétaires et monétaires» prises par Tokyo, a-t-on ajouté de même source.

L'impact économique du séisme et du tsunami du 11 mars est encore difficile à évaluer.

Les économistes le chiffrent au moins à 100 milliards de dollars, soit 2% du produit intérieur brut (PIB) japonais comme le coût du tremblement de terre de Kobe en 1995. Plusieurs experts estiment toutefois que la dévastation pourrait représenter autour de 3% du PIB.

Ce choc-là, de nombreux économistes pensent que le Japon est en mesure de l'absorber. «L'économie japonaise sera significativement touchée à court terme pour rebondir ensuite grâce à d'amples mesures de relance monétaire et budgétaire», résume dans une note Axa IM, alors que la Banque du Japon a déjà injecté dans l'économie 34.000 milliards de yens (427,6 milliards de dollars) depuis lundi.

Tout dépendra en fait de la gravité de l'accident nucléaire de Fukushima. Plus les incertitudes «seront importantes et longues à dissiper, plus la reprise de l'activité s'éloignera dans le temps», explique Philippe Waechter, de Natixis, soulignant les risques d'un approvisionnement en électricité durablement limité, au moment où de nombreuses entreprises sont déjà à l'arrêt.

Quant aux conséquences pour la croissance mondiale, déjà fragile, les avis sont partagés.

La crise pourrait renchérir encore davantage les prix de l'énergie, alors que le pétrole flambe déjà -Moscou a même prédit un baril à 200 dollars.

L'autre menace est un rapatriement massif, pour les besoins de la reconstruction, des fonds investis par les Japonais à l'étranger. Plusieurs investisseurs prévoient déjà un tel mouvement, ce qui a fait flamber le yen à son plus haut niveau face au dollar depuis la Seconde Guerre mondiale.

Or le Japon est, derrière la Chine et l'Allemagne, le troisième exportateur net de capitaux, selon Natixis.

Tokyo est aussi l'un des principaux détenteurs étrangers de dette publique des États-Unis et de la zone euro. Une vente importante d'obligations de ces États déboucherait sur une remontée des taux d'intérêt ce qui, in fine, pourrait entraver la reprise mondiale.

Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner s'est voulu rassurant, estimant que les investisseurs japonais ne se débarrasseraient pas des titres de dette des États-Unis.