Le monde patronal s'attend à ce que le gouvernement maintienne le cap vers l'équilibre budgétaire dans son budget d'aujourd'hui. Il se dit prêt à vivre avec une augmentation des cotisations de l'employeur au régime des rentes du Québec à certaines conditions, en dépit du fait que le niveau des taxes sur la masse salariale est déjà quatre fois plus élevé qu'ailleurs au Canada.

«On s'attend à un budget responsable, dit Michel Leblanc, président et chef de la direction de la chambre de commerce du Montréal métropolitain. Durant les périodes de reprise économique, le temps est venu d'arrêter de s'endetter et de le faire le plus rapidement possible.»

Il ne s'attend pas à beaucoup d'annonces de dépenses additionnelles. Par contre, il souhaite que le gouvernement maintienne ses engagements pour des projets maintes fois annoncés comme le CHUM, l'échangeur Turcot ou la navette ferroviaire vers l'aéroport.

Ce souci du contrôle des dépenses est partagé par les propriétaires de PME. «Dans un sondage prébudgétaire, 86% de nos membres disent qu'on doit y accorder une priorité élevée», dit Marie Hébert, vice-présidente Québec pour la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI). Elle se dit toutefois inquiète de la réforme du régime des rentes et rappelle que les taxes sur la masse salariale sont des taxes régressives. «Ça coûte la même somme à l'entrepreneur, peu importe sa rentabilité.» Pour la FCEI, le temps est venu de revoir la générosité de certains de nos programmes sociaux.

Pas de surprise

De son côté, Simon Prévost, président de Manufacturiers et Exportateurs du Québec, se fait une raison. «Il n'y a pas de surprise. On sait depuis deux ans que le régime des rentes est sous pression, dit-il. On n'est pas très heureux, mais il faut voir comment la réforme se fera.» Il se dit favorable à l'idée d'imposer une plus lourde pénalité aux travailleurs qui prennent leur retraite avant 65 ans dans un contexte où le Québec est sur le point de connaître une diminution de sa population active.

Par ailleurs, il se réjouirait de voir le gouvernement annoncer une simplification de l'aide financière aux entreprises. «C'est la première chose que je vais vérifier dans le budget.» Il croise les doigts pour que le ministre des Finances accepte de prolonger la mesure sur l'amortissement accéléré de l'équipement de production, mesure qui doit prendre fin en 2011.

Françoise Bertrand, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec, est totalement d'accord avec Michel Leblanc en ce qui concerne l'équilibre des finances publiques. Elle voudrait voir des exemples concrets d'amélioration de productivité dans la livraison des services publics. «Il ne faut pas seulement se contenter de réduire les frais de voyages des fonctionnaires, mais il faut revoir la façon de livrer certains services», insiste-t-elle.

Quant aux programmes aux entreprises, Mme Bertrand ne veut pas en voir de nouveaux. Elle aimerait toutefois que les programmes existants cessent d'être ciblés sur la création d'emplois et visent plutôt l'innovation et la formation de la main-d'oeuvre.

En ce qui concerne le régime des rentes, Mme Bertrand prêtera attention à la hauteur des hausses de cotisations qu'on exigera des employeurs. «Au Québec, on semble toujours prêt à payer davantage plutôt que de remettre en question les avantages dont on bénéficie.» Elle met en garde le gouvernement d'une application «mur à mur» des pénalités pour retraite hâtive.

«Dans le cas des travailleurs d'Electrolux, empêcher les travailleurs âgés qui vont perdre leur emploi de bénéficier d'une retraite hâtive comme d'autres avant eux peut poser problème», souligne-t-elle.