Benoit La Salle ne cherche pas à vendre Semafo (T.SMF). Il ne connaît pas non plus les plans des grandes minières. Mais, quelques mois après l'acquisition de Red Back Mining par Kinross (T.K), le président et chef de la direction de la minière montréalaise sait très bien que les grands acteurs regardent de près ce qui se passe en Afrique de l'Ouest.

Semafo pourrait être une cible légitime, d'autant plus que le titre, qui a dépassé les 14$ en décembre, a plongé depuis. Il se négociait à 8,95$ hier à Toronto, pour une capitalisation d'environ 2,3 milliards de dollars, tandis que les analystes utilisent un cours cible moyen de 14,31$.

«Après l'achat de Red Back à fort prix (7,1 milliards US), tout le monde a reculé un peu, note M. La Salle. Les grands acteurs sont impressionnés par ce qu'on a, mais ils attendent qu'on en prouve encore davantage sur le plan des ressources.»

Pour l'instant, Semafo affiche une base de réserves et de ressources (incluant les ressources inférées) de 9,5 millions d'onces d'or. La société voudrait approcher les 14 millions en 2012.

Selon Benoit La Salle, l'intérêt des producteurs majeurs pourrait s'intensifier dans 12 à 18 mois. Mais Semafo ne court pas après un acheteur, insiste M. La Salle. «Il n'y a pas de presse», dit-il en soulignant que Semafo a 200 millions en banque.

Mana ou le magasin de bonbons

Semafo exploite des mines d'or en Guinée, au Niger et au Burkina Faso. C'est dans ce dernier pays qu'est situé le fleuron de la société, la propriété Mana.

Au congrès de l'Association des prospecteurs et entrepreneurs miniers du Canada (PDAC), le directeur de la géologie de Semafo, Michel Crevier, évoque Mana avec la même fascination qu'un enfant dans un magasin de bonbons.

Semafo y exploite déjà une mine qui produira entre 170 000 et 200 000 onces en 2011. Mais la propriété s'étend sur pas moins de 115 kilomètres de long, pour un total de 2000 kilomètres carrés.

Pour l'instant, les lignes de minéralisations découvertes, mises bout à bout, font 200 kilomètres.

L'approche sociale

Le succès de Semafo réside aussi dans son approche sociale. Fortement impliquée au Burkina Faso, bien connectée avec les gouvernements, Semafo diffuse depuis peu une émission radio visant «la sensibilisation et l'information pour le développement», sous l'égide du ministère des Communications. Et la fondation de la société, fierté de M. La Salle, continue ses projets d'aide à l'éducation et au développement.

Est-ce que les Barrick ou Kinross de ce monde mettraient tant d'effort dans cet aspect du modèle de Semafo? «Si jamais il y avait une transaction, l'approche de Semafo serait aussi importante que les actifs», répond M. La Salle.