Bernard Madoff, auteur d'une des plus grosses arnaques financières de l'histoire, a déclaré dans une interview que les finances publiques américaines relèvent du même type d'escroquerie que celle de son groupe, les comparant à la pyramide qu'il avait lui même mise en place.

L'ancien financier de 72 ans a eu plusieurs heures d'entretien téléphonique avec un journaliste de l'hebdomadaire New York, qui a sans relâche essayé de le joindre pendant plusieurs semaines et a finalement reçu un soir un appel de la prison Butner (Caroline du nord) lui demandant s'il acceptait «un appel en PCV du détenu Bernard Madoff».

«Je suis désolé, mais je n'ai pas beaucoup d'argent sur mon compte» de détenu, s'est excusé le célèbre prisonnier, qui a grugé pendant plusieurs décennies des milliers d'investisseurs à travers le monde, rétribuant les uns avec l'argent des autres sans rien investir, pour un montant hors intérêts estimé à plus de 20 milliards de dollars.

En comptant les intérêts qui auraient dû être versés, les investisseurs ont perdu jusqu'à 65 milliards de dollars.

Bernard Madoff dresse un parallèle entre son escroquerie --appelée pyramide de Ponzi-- et les finances publiques du pays: «L'État tout entier est une chaîne de Ponzi», dit-il.

Le système de fraude appelé «pyramide de Ponzi» tient son nom de Charles Ponzi, escroc des années 1920, et se caractérise par un effet boule de neige qui a fini par perdre le gérant de fonds Bernard Madoff qui s'en était inspiré.

Bernard Madoff consulte régulièrement une psychothérapeute de la prison, et lui a demandé «s'il était un sociopathe».

«Je ne suis pas la personne que tout le monde décrit», a-t-il assuré au journaliste. «Et je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. Je gagnais beaucoup d'argent par ailleurs (avec la partie honnête de ses activités), il ne m'en fallait pas plus», dit-il.

«Je n'ai fait qu'accompagner le mouvement», assure-t-il. «Toutes ces banques et ces fonds auraient dû savoir qu'il y avait des problèmes. Moi, je refusais les questions, je disais: si cela ne vous plait pas, reprenez votre argent», continue-t-il.

«Je pensais pouvoir m'en sortir après une courte période, mais je me suis retrouvé pris au piège».

Selon lui, pendant que tout le monde s'enrichissait, lui souffrait secrètement. «C'était un cauchemar pour moi. Et ce ne fut qu'un long cauchemar, imaginez porter un tel secret», déclare l'escroc, à qui même son épouse Ruth ne parle plus depuis le suicide en décembre dernier de leur fils aîné Mark, 46 ans.