Le chirurgien plasticien Wilhelm Pellemans, 70 ans, s'est déclaré «extrêmement satisfait du règlement de 55 millions» qui, à sa connaissance, n'a pas d'équivalent dans la jurisprudence. «Récupérer 100% de la somme, c'est pas mal intéressant», a-t-il poursuivi, sourire aux lèvres, dans son message aux médias hier.

Assis à l'extrémité droite de la table où prenaient place les avocats Jacques Larochelle et Serge Létourneau, dans une salle de réunion de l'hôtel Nelligan dans le Vieux-Montréal, le Dr Pellemans et Michel Vézina, les deux investisseurs à l'origine du recours collectif contre l'Autorité des marchés financiers, arboraient le sourire d'hommes heureux. Au milieu de la conférence de presse, on a aperçu M. Vézina essuyer une larme. Gageons que c'était une larme de joie.

À une question des médias sur les motivations qui ont amené l'Autorité des marchés financiers et les autres défendeurs à payer 55 millions, le Dr Pellemans a dit espérer qu'ils agissaient par compassion à l'endroit des 9200 personnes éprouvées par le scandale. Le Dr Pellemans avait investi une partie de ses économies dans les fonds Perfolio, que le courtier Claude Boisvenue avait vendus à Vincent Lacroix en septembre 2004. Il avait récupéré environ 60% de son investissement avant l'annonce d'aujourd'hui.

Après cinq ans de tourments et de frustrations, Michel Vézina, de Saint-Hubert, sur la Rive-Sud, sait maintenant qu'il récupérera la presque totalité des 300 000$ qu'ils avaient investi, lui et sa conjointe, dans les Fonds Évolution, qui appartenaient à la Caisse de dépôt avant d'être vendus à Norbourg. Détroussé par le criminel en cravate de Candiac, le débosseleur de métier a dû, comme bien des victimes de Norbourg, sortir de sa retraite et retourner gagner son pain. Celui qui a déjà déclaré qu'il allait se battre jusqu'à la dernière goutte de son sang pour qu'on lui donne ce qu'on lui doit est dorénavant prêt à passer l'éponge. « Je vais cesser de me stresser avec ça. J'efface tout ce qui s'appelle Norbourg de ma mémoire, incluant Vincent Lacroix», a répondu Michel Vézina , 71 ans, sur les sentiments qui l'habitent.

Autre investisseur éprouvé, le policier à la retraite Réal Ouimet, de Bromont, a partagé sa joie à la Voix de l'Est. «C'est une très bonne nouvelle», a-t-il dit. Il avait perdu 310 000$... jusqu'à hier. Obligé de renoncer à sa retraite, il avait repris du service comme responsable de la sécurité à la station de ski Bromont. «Je suis content que ça se règle, parce que des fois, ça n'en finit plus, les maudites procédures», dit celui qui avait déposé la requête pour intenter un recours collectif contre la Caisse de dépôt au nom des détenteurs des Fonds Évolution en février 2008.

Une ombre au tableau

Satisfait, mais moins exubérant, Fernand Deguise, de Sorel, exprimait même un certain regret quand nous l'avons joint à midi hier. «Ce qui est décevant, c'est ce qu'on aurait pu apprendre (dans un procès) de la complicité et du laxisme de certains organismes et de certains hauts dirigeants. On n'aura jamais la lumière à cet effet. On ne connaîtra jamais le fond de l'histoire», a-t-il mentionné. En 2006, il a déposé une pétition à l'Assemblée nationale réclamant une enquête publique sur les dessous de l'affaire Norbourg.

M. Deguise reste très satisfait de récupérer son capital investi. Il avait, selon ses dires, «l'équivalent de quelques voyages en Europe avec sa conjointe» dans les Fonds Évolution. Il avait retrouvé environ 12% de sa mise jusqu'à maintenant. Le solde servira à rénover sa copropriété, dit-il.