Après avoir encaissé des profits records l'an dernier, le Fonds de solidarité FTQ est revenu sur terre avec un rendement plus modeste de 5% pour les six premiers de son exercice.

Il s'agit néanmoins d'un «bon début d'année», estime son président-directeur général, Yvon Bolduc.

«Nos actionnaires ont de quoi être satisfaits», a-t-il commenté au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

Le rendement de 5% des six premiers mois de l'exercice en cours se traduit par un profit de 366 millions de dollars, comparativement à 515 millions pour la même période un an plus tôt. C'est 30% de moins.

L'année dernière était un peu particulière, explique Yvon Bolduc, qui rappelle le rebond des marchés boursiers et l'amélioration des conditions de crédit qui ont suivi la crise financière de 2008.

Le Fonds en avait bénéficié, parce qu'il avait maintenu sa présence dans le marché, précise son président.

Le premier semestre de cette année financière, soit de juin à novembre, a été caractérisé par beaucoup d'incertitude et de volatilité. Dans ces conditions, Yvon Bolduc soutient que les gestionnaires du Fonds ont fait du bon boulot. «Notre portefeuille démontre beaucoup de solidité et de résilience.»

Les investissements du Fonds de solidarité dans les PME québécoises ont généré un rendement de 4,9% au premier semestre, comparativement à 7,6% pour la même période l'an dernier. Les investissements dans les marchés boursiers et financiers affichent 6,9%, comparativement à 10,2% l'an dernier.

Au cours des derniers six mois, le Fonds maintenu son rythme de croisière, avec entre 200 et 300 millions de nouveaux investissements. Yvon Bolduc est particulièrement content de l'investissement de 41,5 millions qui a permis au fabricant de produits en plastique IPL d'être racheté par ses gestionnaires. «Sans notre intervention et celle de Novacap, c'est une entreprise qui serait aujourd'hui entre des mains américaines», assure-t-il.

Avec le rendement de 5% enregistré au premier semestre, l'action du Fonds de solidarité atteint 25,03$, en hausse de 1,19$.

Depuis 10 ans, le Fonds a procuré un rendement de 0,3% à ses actionnaires, comparativement à 4,1% pour un fonds équilibré comparable. En tenant compte du crédit d'impôt de 30% accordé aux investisseurs, le rendement du Fonds grimpe à 7,9%, souligne Yvon Bolduc.

Pas chez Quebecor

La réputation du Fonds de solidarité a souffert des liens commerciaux qu'il entretient avec le controversé homme d'affaires Tony Accurso.

Le Fonds et Tony Accurso font toujours des affaires ensemble, mais de moins en moins. Le Fonds a notamment prêté 40 millions à Tony Accurso et accordé une caution de 21,5 millions sur une de ses propriétés commerciales.

Ses dirigeants ne constatent pas d'impact négatif sur le nombre d'actionnaires. Du moins, pas encore.

«On calcule une fois par année, en mai, et, la dernière fois, on avait atteint un nombre record de 577 511 actionnaires, précise Yvon Bolduc. On verra cette année, mais on pense que les gens sont capables de faire la part des choses.»

Cette année, le Fonds de solidarité FTQ n'est pas soumis à un plafonnement des contributions, parce que ses investissements directs dans les entreprises dépassent la barre des 60% qu'il doit respecter.

Il entend donc être très présent dans les médias pendant la période des REER, pour faire le plein d'argent frais. Mais il ne sera pas chez Quebecor, pour la deuxième année consécutive, parce que l'entreprise ne veut pas de la publicité du Fonds.

Le Fonds de solidarité, qui ne voulait pas acheter de la publicité dans le Journal de Montréal en raison du lock-out qui dure depuis près de deux ans, s'est fait dire par la direction de Quebecor que cette publicité devait paraître sur toutes les plates-formes de l'entreprise ou pas du tout. Le Fonds a choisi d'investir ailleurs.