L'ex-conseiller en placements Jean Bissonnette risque la prison et 2,9 millions de dollars en amendes pour avoir floué une quarantaine d'investisseurs, dont son propre père, pour 1,3 million de dollars.

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Son père, André Bissonnette, dit avoir perdu plus de 200 000$ en lui confiant ses économies. L'Autorité des marchés financiers (AMF) ne confirme pas l'identité des victimes de Jean Bissonnette. «C'est toute ma vie. J'ai pris mes REER et je les lui ai confiés pour avoir des bons rendements. Je pensais que mon gars me protégerait», dit André Bissonnette en entrevue à La Presse Affaires.

L'AMF a déposé hier des poursuites pénales contre Jean Bissonnette devant la Cour du Québec. Le représentant en assurances et en épargne collective du Centre-du-Québec fait face à 136 chefs d'accusation pour avoir fait des placements illégaux (45 chefs), exercé illégalement la profession de courtier en valeurs (56 chefs), fourni de fausses informations sur des titres (29 chefs) et contrevenu à une ordonnance judiciaire (6 chefs). Ce sont toutes des infractions pénales à la Loi sur les valeurs mobilières.

Comme sentence, l'AMF demandera une peine de prison et des amendes totalisant 2,9 millions de dollars. Il s'agit d'une sentence importante pour une fraude de 1,3 million de dollars.

«Dans ce dossier, il y a plusieurs facteurs aggravants, comme la gravité des infractions, le fait que la personne ait contrevenu à une ordonnance et qu'elle n'ait pas collaboré à l'enquête», dit Sylvain Théberge, porte-parole de l'AMF. La date du procès pénal n'a pas été déterminée.

Selon l'AMF, il ne reste presque plus rien de la somme de 1,3 million de dollars investie entre avril 2008 et janvier 2010. «Il ne reste que quelques milliers de dollars dans les comptes. Les pertes sont totales», dit Sylvain Théberge.

Durant le procès, l'AMF tracera le portrait d'un homme qui a abusé de la confiance de ses clients. «Il se servait de sa liste de clients en assurance, dit Sylvain Théberge. Il regardait avec qui il pouvait avoir un lien de confiance. Il disait qu'il avait une très bonne occasion d'affaires, que c'était exceptionnel, mais qu'il fallait agir rapidement et qu'il ne pouvait pas donner de détails. Les approches restaient très obscures, mais les gens se laissaient convaincre. Quand c'est trop beau pour être vrai...»

À la demande de l'AMF, le Bureau de décision et de révision du Québec a gelé en octobre 2009 les comptes de Jean Bissonnette chez Desjardins et BMO Groupe Financier. Selon l'AMF, Jean Bissonnette aurait toutefois continué son stratagème durant trois mois, jusqu'en janvier 2010.

Jean Bissonnette était inscrit à l'AMF comme courtier en assurances et courtier en épargne collective depuis 1989. Il a perdu ses titres professionnels en 2009. En épargne collective, il était rattaché à la filiale de courtage de Desjardins Sécurité financière. «Il n'a jamais été un employé de Desjardins, il était un conseiller indépendantet un travailleur autonome», dit Nathalie Genest, porte-parole de Desjardins. En assurances, il exploitait son propre bureau, Les Services financiers Jean Bissonnette.

La Presse Affaires a été incapable de joindre Jean Bissonnette afin d'obtenir sa version des faits. L'ex-conseiller en assurances et en épargne collective n'était pas représenté par un avocat au cours de l'audience ayant mené au gel de ses comptes bancaires. Aucune accusation criminelle n'a été portée contre lui.