La conseillère financière Carole Morinville, soupçonnée d'avoir orchestré une fraude à la Ponzi de 3,5 millions de dollars, a été arrêtée mardi matin à sa résidence de l'Île-des-Soeurs.

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Carole Morinville est sortie de sa résidence la tête baissée et les menottes aux poings. Elle n'a pas fait de commentaires aux médias présents lors de son arrestation. Elle a été interrogée plus tard dans la journée par la Sûreté du Québec, qui a aussi perquisitionné sa résidence. Aucune accusation criminelle n'a été déposée. «Mme Morinville a été rencontrée par les policiers mais il est trop tôt pour dire s'il y aura des accusations. L'enquête se poursuit», dit Geneviève Bruneau, porte-parole de la Sûreté du Québec.

Même mutisme à la Direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP), l'organisme indépendant du ministère de la Justice du Québec qui décide de porter des accusations criminelles. «Il est encore trop tôt pour parler de dépôt d'accusations», a indiqué par courriel Me Martine Bérubé, porte-parole du DPCP.

Carole Morinville est soupçonnée d'avoir orchestré une fraude d'environ 3,5 millions de dollars auprès d'une soixantaine d'investisseurs, dont l'actrice Karine Vanasse qui la poursuit au civil pour 125 000 $. Les comptes bancaires de Carole Morinville ont été bloqués par l'Autorité des marchés financiers (AMF) en août dernier.

La perquisition chez Carole Morinville survient quelques jours après que la Sûreté du Québec ait rencontré le syndic nommé par la Cour supérieure pour administrer la faillite de Carole Morinville. Le syndic Noubar Boyadjian a partagé les informations qu'il a recueillies dans le dossier Morinville avec la Sûreté du Québec. Cette rencontre a eu lieu la semaine dernière.

Carole Morinville, qui a été radié provisoirement de son ordre professionnel l'été dernier, a été mise en faillite en août par ses présumées victimes. Dans ses déclarations au syndic, l'ex-conseillère financière se dit sans le sou. Au mieux, ses avoirs personnels sont estimés à 350 000$.

Comme plusieurs investisseurs floués, l'actrice Karine Vanasse s'inquiétait de voir Carole Morinville en liberté lors d'une entrevue accordée le mois dernier à La Presse Affaires. «Nous avons très hâte d'avoir des explications, a dit Karine Vanasse. Nous sommes pressés que justice soit rendue. Je me pose les mêmes questions que tout le monde, parce que ça n'avance pas vite. La dernière chose que nous voulons tous, c'est qu'elle profite éventuellement de notre argent quelque part.»

Les témoignages des proches de Carole Morinville dans le cadre de sa faillite ont donné lieu à quelques révélations étonnantes. Son mari Roberto Diano a confié que la bague de mariage de Mme Morinville, d'une valeur de 20 000$, a été perdue en mer alors que le couple était en vacances. La bague a été payée en totalité par Mme Morinville, qui a épousé M. Diano à l'été 2009.

M. Diano tente actuellement de faire dégeler les comptes de banque par le Bureau de décision et de révision en valeurs mobilières du Québec. M. Diano veut notamment avoir accès aux comptes de son entreprise, Boîte Bagel MLT. Unique actionnaire de Boîte Bagel MTL, Roberto Diano a obtenu les fonds nécessaires à la création de son entreprise par l'entreprise de sa femme. Le syndic veut récupérer ces sommes estimées à 80 000$ afin de les distribuer aux investisseurs floués par Carole Morinville.

L'AMF n'a pas répondu aux demandes d'entrevue de La Presse Affaires. Carole Morinville n'a pas engagé d'avocat pour la représenter dans le cadre de sa faillite. Son témoignage devant le syndic de faillite est retardé depuis un mois car le syndic n'a pas reçu les documents bancaires de la Banque Nationale relativement à certains comptes de Mme Morinville.