Faute de pouvoir mettre fin à la «guerre des monnaies», thème par excellence du sommet du G20 à Séoul, les États membres ont opté pour un cessez-le-feu.

Au terme de négociations intenses, le communiqué de clôture prend des airs de compromis: les signataires, dont la Chine, se sont engagés à faire prendre graduellement de la valeur à leur monnaie et à s'abstenir de la dévaluer à des fins concurrentielles.

En revanche, la solution qui avait été proposée par les Américains pour remédier aux problèmes des déséquilibres commerciaux, soit de plafonner les surplus ou les déficits des comptes courants à 4% du PIB, n'a pas été adoptée.

En fait, le document n'a proposé aucune solution pour régler cette épineuse question, qui a divisé les pays en deux camps: d'un côté, ceux qui ont un excédent commercial, comme la Chine et l'Allemagne; de l'autre, ceux qui sont aux prises avec un lourd déficit, comme les États-Unis. Les membres du G20 ont plutôt opté pour la mise sur pied d'un comité coprésidé par le Canada, qui sera chargé d'étudier les différentes options d'ici au prochain sommet du G20, l'an prochain en France.

«C'est vrai que nous n'avons pas vraiment réglé le problème des taux de change et des déséquilibres des comptes courants», a admis le premier ministre Stephen Harper, hier, au terme d'une journée de réunions avec ses homologues.

«Ce ne sont pas des choses très faciles, a-t-il toutefois ajouté. Nous avons créé un processus. Le Canada va présider ce processus. Nous avons un échéancier pour accomplir certaines choses. Il y aura des discussions très importantes dans l'année prochaine.»

Le président Barack Obama a abondé dans son sens. Il a toutefois promis de suivre la Chine de très près quant à ses engagements sur le yuan. Une politique plus juste en matière de devises est «le meilleur moyen de s'assurer que tout le monde puisse bénéficier des échanges commerciaux», a-t-il déclaré.

Stephen Harper a par ailleurs cherché à se faire rassurant: selon lui, le fait que les pays du G20 ne soient pas parvenus à s'entendre sur ces questions ne met pas l'économie mondiale en péril: «Le risque n'est pas que l'économie mondiale s'écroule, c'est que nous n'en maximisions pas le potentiel.»

Consensus de Séoul

Si les débats sur la politique monétaire n'ont pas donné les résultats espérés, les leaders se sont tout de même dits satisfaits des progrès réalisés sur d'autres fronts.

Les États membres ont entériné la réforme du secteur bancaire de Bâle 3, qui propose de nouveaux objectifs de capitalisation pour les institutions financières afin de mieux affronter des crises éventuelles. Ils ont également incorporé à leurs engagements la réforme du Fonds monétaire international, qui vise à donner une plus grande représentation aux économies émergentes dans le G20.

Au chapitre du développement, ils se sont engagés dans le «Consensus de Séoul» à venir en aide aux populations touchées par la crise financière.

La nouvelle approche, complémentaire aux objectifs du Millénaire, comprend des volets touchant la construction d'infrastructures et la volatilité des prix de la nourriture.

Le pays hôte, la Corée du Sud, avait fait de cette entente l'une des priorités de sa présidence.

Le G20 a également promis de travailler davantage à la réforme des règles du secteur financier dans le but d'encadrer les plus grandes banques afin d'éviter une débâcle comme celle de 2008.

Pour le Canada, enfin, le sommet du G20 aura été l'occasion d'annoncer le début des pourparlers avec l'Inde en vue de la conclusion d'un accord de libre-échange. Ottawa espère ainsi générer des milliards de dollars en échanges commerciaux. L'Inde espère devenir la troisième économie du monde d'ici à 2050.