Les dernières données sur les balances commerciales américaine, chinoise et canadienne nourriront les échanges des dirigeants politiques et monétaires réunis aujourd'hui à Séoul dans le cadre du G20.

Tout ne se résume pas à une affaire de taux de change, même si la guerre des devises reflète d'immenses tensions.

En septembre au Canada, le commerce international de marchandises s'est soldé par un déficit de 2,485 milliards, soit environ un milliard de plus qu'en août et quelques millions de moins seulement que le déficit record de juillet, selon Statistique Canada.

Les augmentations d'expéditions de machines, d'équipement (des aéronefs surtout) et des produits énergétiques n'ont pu compenser les autres replis.

Au final, la valeur des exportations a reculé de 1,7%, mais leur volume, de 2,2%, à cause surtout d'une chute des expéditions de biens industriels et de consommation ainsi que des produits de l'automobile.

Sur une base de mesure purement douanière, les expéditions de produits de l'automobile ont augmenté de 55 millions et les importations, diminué d'autant, d'août à septembre.

La valeur des importations totales s'est quant à elle accrue de 1,2% en raison d'une poussée des prix. Sans elle, les volumes avancent de 0,1% seulement. Sur une note positive, on observe une huitième hausse mensuelle d'affilée des achats à l'étranger de machines et d'équipement.

Sur une base géographique, l'aggravation du déficit est essentiellement due à une diminution de 1,25 milliard de l'excédent avec les États-Unis, qui a fondu à 1,6 milliard seulement.

Le déficit observé avec les autres pays du monde s'est quant à lui résorbé quelque peu.

Au bout du compte, le Canada se retrouve avec un déficit commercial au troisième trimestre qui aura freiné substantiellement sa croissance. «Nous évaluons sa contribution au PIB réel à environ -3%, un résultat similaire au deuxième trimestre», calcule Benoit P. Durocher, économiste principal, un résultat similaire à celui du deuxième trimestre.

Cela n'est plus une nouveauté. Depuis le début de la récession américaine, il y aura bientôt trois ans, le commerce extérieur a toujours freiné la croissance, hormis deux trimestres. La susdite a reposé durant cette période sur la demande intérieure.

La progression des importations devrait ralentir avec l'affaiblissement de la demande intérieure déjà observée. «Nous nous attendons donc à une amélioration de la balance commerciale, bien que toujours négative au cours des prochains mois», prédit Diana Petramala, économiste chez Banque TD.

Les résultats de la balance commerciale américaine semblent quant à eux encourageants à première vue. Le déficit du commerce international de biens et de services est passé de 46,5 à 44 milliards, soit un milliard de moins que la prévision des experts. Ce chiffre cache cependant un léger repli du volume des exportations, malgré une forte augmentation des livraisons d'avions civils, un segment des plus volatils.

De juin à septembre, le billet vert s'est déprécié de 8% contre un panier de devises (dont fait partie le dollar canadien). «Il faudra peut-être que le dollar faiblisse encore pour infléchir davantage les importations et stimuler les exportations avant que le commerce soutienne la reprise de manière significative», juge Sal Guatieri, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux.

Le déficit commercial américain face au Canada est de la petite bière, si on le compare à celui avec le Mexique et le Japon qui dépassent les 5 milliards et surtout avec la Chine qui atteint 27,8 milliards, pourtant en baisse de 200 millions pour le mois.

À l'échelle planétaire, la Chine a dégagé un surplus de 27,1 milliards, soit tout près de l'excédent réalisé avec les États-Unis, deux chiffres qui vont sans doute être montrés ad nauseam au G20.

Les Chinois pourront faire valoir que cela est le résultat d'une augmentation de 22,9% de leurs exportations par rapport à l'an dernier, mais aussi et surtout d'un bond de 25,3% de leurs importations. C'est un signe indéniable que leur marché intérieur se développe rapidement, comme le souhaite l'Occident.