Alors que le premier ministre Stephen Harper est arrivé à Séoul, mercredi, en vue d'un sommet du G20 tendu, une nouvelle étude révèle que les membres ne se sont conformés que médiocrement à 10 engagements prioritaires pris lors du précédent sommet, celui de Toronto.

Le sommet qui s'est tenu dans la Ville reine en juin dernier s'était soldé par des critiques quant au manque d'engagements concrets, notamment sur l'absence de nouvelles règles pour réglementer le secteur financier. La proposition principale, promue par le Canada, allait dans le sens d'une réduction de la moitié du déficit respectif des États d'ici 2013 et d'un début de la diminution de leur endettement global à partir de 2016.

Or, le groupe des 20 n'a respecté ses 10 objectifs principaux qu'à hauteur de 64 %, concluent les groupes de recherche sur le G20 du Munk School de l'Université de Toronto et de l'École supérieure d'économie de l'Université d'État, à Moscou. Les objectifs visés par l'étude incluent la réglementation financière, la lutte à la corruption, les politiques macro-économiques et les réformes des institutions financières internationales.

La bonne nouvelle pour le Canada, c'est que non seulement le respect des engagements pris lors de sa présidence a été légèrement plus élevé que lors de sommets l'année précédente, à Londres et à Pittsburgh, mais il se classe également premier, avec un taux de conformité de 89 %. Il est suivi de près par le Royaume Uni, à 84 %, et par l'Australie, à 82 %.

L'Inde arrive dernière avec 40 %. Elle est devancée par la Turquie et l'Afrique du Sud, qui se méritent chacun un score 43 %.

Sommet tendu

L'avion du premier ministre Harper a atterri vers 19h mercredi soir à Séoul, soit 5h du matin, heure de Montréal. Il est accompagné de sa femme, Laureen Harper.

Jeudi, il tiendra des rencontres bilatérales avec ses homologues du Mexique, de l'Australie et de l'Argentine. Il participera ensuite à une cérémonie du jour du Souvenir devant le Monument commémoratif de la guerre de Corée avec d'autres chefs d'État. En soirée, M. Harper et son épouse doivent se rendre au dîner inaugural de la rencontre.

Le sommet du G20 de Toronto avait été qualifié par certains, dont le président français Nicolas Sarkozy, de réunion préparatoire en vue de ce sommet de Séoul. Cette fois-ci, les dirigeants doivent entre autres y discuter de déséquilibre monétaire et commercial, des moyens de stimuler la reprise économique mondiale et de la régulation du système financier et des banques. Les réunions multilatérales se tiendront en une seule journée, vendredi. Stephen Harper s'envolera par la suite vers Yokohama, au Japon, en vue du sommet de l'APEC.

Or, ce sommet du Séoul promet d'être tendu. Les principaux sujets de discordes se situent autour des déséquilibres commerciaux et de la dévaluation des monnaies, par la Chine notamment.

Les discussions préparatoires ont été très intenses durant la journée de mardi mardi et le ton est monté.

« Nous avons dû ouvrir les portes parce que le débat était si animé que la pièce s'est réchauffée », a déclaré le porte-parole du G20, Kim Yoon Kyung.

Une quarantaine de représentants des pays industrialisés et émergents membres du Groupe des vingt ont passé 14 heures dans une petite pièce mardi afin de rédiger le communiqué final qui sera publié à l'issue des deux jours du sommet organisé à Séoul jeudi et vendredi. À l'issue de la rencontre, le groupe restait très divisé des questions clés comme celle des changes.

Dès son arrivée dans la capitale sud-coréenne, mercredi, le président américain Barack Obama a tenté de calmer le jeu en publiant une lettre, dans laquelle il a appelé tous les pays à faire leur part pour assurer une reprise économique équilibrée. Il a de plus défendu la décision de la Banque centrale américaine (la Fed) d'imprimer 600 milliards de dollars pour acheter des bons du Trésor. Annoncée la semaine dernière, cette manoeuvre a été critiquée de toutes parts, par l'Allemagne, la zone Euro et la Chine, en particulier.

« Une économie forte qui crée des emplois, des revenus et des dépenses est la contribution la plus importante que les États-Unis puissent faire à la reprise mondiale », a justifié le président Obama.

Pour tenter de rétablir un équilibre des échanges commerciaux, les Américains ont proposé de plafonner à 4 % l'excédent ou le déficit des comptes courants - une proposition dénoncée elle aussi par la Chine et l'Allemagne, deux pays dont le bilan des exportations explose.

Ce débat n'est pas terminé, d'autant plus que la Chine vient tout juste d'annoncer un excédent commercial supérieur aux attentes.

- Avec Reuters et le New York Times