Au cours de l'été, les Canadiens pourront se rendre plus loin grâce à l'envol du huard. Mais pour faire encore plus de chemin, les globe-trotters doivent débusquer les frais fantômes qui hantent les taux de change. Billets de banque, carte de débit, carte de crédit, chèques de voyage... Quel est le meilleur mode de paiement?

Voyageurs, ouvrez bien l'_il! Comme des fantômes, les frais de conversion de devises hantent les taux de change. On ne les voit pas, mais ils ont de quoi faire dresser les cheveux sur la tête.

 

À la banque, les frais se cachent dans l'écart entre le taux vendeur et le taux acheteur. Voici un exercice simple qui permet de les débusquer.

Disons que vous partez pour l'Europe. Avant votre départ, vous convertissez 1000$CAN. Vous obtenez 716€. En reconvertissant immédiatement cette somme en dollars, il ne vous restera plus que 916$. Une somme de 84$ est disparue dans la double conversion. Cela représente 8% de la somme initiale, l'équivalent d'une commission de 4% par transaction... sans compter les frais fixes d'environ 5$ que les banques exigent pour la transaction.

Plus la devise est exotique, plus les frais sont épicés. Vous allez au Mexique? Pour vous procurer des pesos, vous perdrez environ 7% au change.

Mais sachez que les bureaux de change ont souvent des taux plus avantageux. En magasinant un peu, vous paierez seulement 1,5% de frais de change pour acheter des euros, et 1% pour acheter des dollars américains. En outre, certains bureaux n'imposent pas de frais fixes et garantissent le rachat des devises inutilisées au même taux.

À ce compte, c'est avec les bons vieux billets de banque que les voyageurs en ont le plus pour leur argent. Mais il est dangereux de remplir ses valises d'argent comptant.

Évidemment, les chèques de voyage sont plus sûrs: on vous les remplacera rapidement en cas de vol. Mais il faut verser des frais de 1% à l'émission (sauf avec certains forfaits bancaires - informez-vous) et les frais de conversion de devise peuvent être élevés. En Asie, les chèques de voyage ont encore la faveur des marchands mais, en Europe, on les accepte moins facilement. Souvent, les commerçants inventent des frais ou refusent de rendre la monnaie.

Le plastique est plus pratique. Les cartes de crédit sont acceptées partout et on trouve des guichets automatiques jusque dans les bleds les plus reculés. Mais les frais fantômes vous suivent...

Chaque fois que vous faites un achat à l'étranger avec votre carte de crédit, VISA ou MasterCard convertit la somme en dollars canadiens et exige des frais de 1% pour cette opération. De plus, l'émetteur de la carte prélève des frais de conversion de 2,5% (1,8% à Visa Desjardins et 2% au Diners Club). Au total, la conversion coûte donc 3,5%. Sur des achats de 10 000$, c'est 350$ qui s'évanouissent.

Mais il y une astuce. Les voyageurs qui font beaucoup de dépenses aux États-Unis peuvent se procurer une carte de crédit en dollars américains. Quatre banques canadiennes en offrent. Les frais annuels vont de 25$ à 65$ (celle de la BMO est la moins chère). Ensuite, il faut ouvrir un compte de banque en dollars américains, y verser une somme substantielle en prenant soin de négocier un bon taux. D'ailleurs, le moment est bien choisi puisque le dollar canadien est fort. Enfin, il ne reste plus qu'à payer sa carte de crédit à même ce compte.

Il existe un autre petit truc qui permet de réduire les frais lorsqu'on retire de l'argent à l'aide de sa carte de crédit à l'étranger.

Sachez d'abord que ces retraits peuvent être très coûteux, car les intérêts s'appliquent dès le jour de l'avance de fonds, contrairement aux achats, pour lesquels il y a un délai de grâce.

Disons que votre compte est à zéro. Le premier jour du mois, vous retirez 1000$ à l'étranger. Si vous attendez de recevoir votre facture pour rembourser, vous devrez payer 14,42$ d'intérêt, à un taux de 19,5%.

De plus, les émetteurs de cartes de crédit imposent des frais d'environ 5$ pour chaque avance de fonds à l'étranger (sauf VISA Desjardins, qui permet de faire des retraits sans frais). En ajoutant 3,5% de frais de conversion de devise (35$), vous aurez donc perdu 54,42$ dans ce retrait, soit plus de 5% de frais au total.

Mais rien ne vous empêche de faire un dépôt excédentaire dans votre compte de carte de crédit, avant votre départ, pour éviter les frais d'intérêt. Toutefois, l'émetteur risque de ne pas vous rembourser en cas de fraude. Autrement, vous pouvez renflouer votre carte de crédit le jour même de l'avance de fonds par virement électronique si vous avez accès à l'internet.

Ne pensez pas éviter de payer des frais en utilisant votre carte de débit. En plus des frais de service habituels (1,25$), vous payerez les frais d'accès au réseau Interac ou Cirrus (de 3 à 5$) et les frais de commodité du propriétaire du guichet (3$). Au total: 9,25$ par retrait. Sans compter les frais de conversion de devise (identiques à ceux des cartes de crédit). Ça donne des frissons!

 

VOUS VOULEZ CONVERTIR VOS BILLETS EN DEVISE ÉTRANGÈRE?

Les frais de change varient selon la devise

Pays / Devise / Frais de change (%)

États-Unis / dollar US / 2,6%

Mexique / peso / 6,9%

France / euro / 3,8%

Suisse / franc / 3,4%

Angleterre / livre / 2,9%

Norvège / couronne / 4,3%

Japon / yen / 4,3%

Les frais de change varient selon l'institution (CAD/Euro)

Institution / Frais de change (%)

Desjardins / 4,2%

TD Canada Trust / 3,0%

Banque Nationale / 3,0%

Banque de Montréal / 4,1%

Banque Royale / 4,0%

Banque Laurentienne / 3,8%

Globex 2000 / 1,5%

Calforex / 1,8%

N.B.: Ces frais reflètent l'écart entre le taux vendeur et le taux acheteur, divisé par deux. De plus, les banques exigent souvent des frais pour la transaction.