L'avocate d'Éric vient d'être admise dans le Saint des Saints des meilleurs plaideurs nord-américains. Une distinction rarissime pour un praticien en droit de la famille...

Suzanne Pringle ne court pas particulièrement après les honneurs, mais lorsqu'elle a reçu, l'automne dernier, une lettre de l'American College of Trial Lawyers lui annonçant qu'elle était considérée pour devenir Fellow de ce prestigieux club sélect, elle a lu le document, puis l'a immédiatement remis à son assistante.

«Sur le coup, je ne l'ai pas cru, alors j'ai préféré attendre, pour le relire une deuxième fois à tête reposée», raconte l'avocate de 52 ans, qui a finalement été admise juste avant Noël.

Il faut dire que pour un plaideur, cette distinction représente toute une récompense. Car n'entre pas qui veut dans ce regroupement d'avocats nord-américains. Seuls les meilleurs plaideurs sont sélectionnés à la suite d'une enquête approfondie. Un quasi boys club, en fait, tous des pros dans l'art de la plaidoirie, habiles dans la maîtrise des litiges civils, commerciaux et constitutionnels. C'est ce qui rend d'ailleurs la distinction de Me Pringle encore plus remarquable. Non seulement elle est entrée dans le Saint des Saints, mais elle l'a fait en pratiquant dans un domaine regardé encore bien trop souvent de haut par beaucoup de juristes: le droit de la famille.

«C'est pourtant la meilleure école pour apprendre à plaider», dit l'avocate, qui dirige depuis 1988 son propre cabinet, à Laval, qui compte aujourd'hui une douzaine d'employés. Elle explique que, dans son domaine, les avocats travaillent constamment dans des situations où les émotions sont à fleur de peau et où les résultats de leur travail peuvent avoir des conséquences dramatiques, ou heureuses, sur la vie des gens.

Vive le droit de la famille!

C'est pour cet aspect-là, le côté humain, qu'elle a d'ailleurs choisi le droit familial, elle qui avait pourtant commencé au milieu des années 80 dans un grand cabinet en litige insolvabilité et faillite. Et aussi, admet-elle, parce qu'elle a eu un prof formidable, l'avocat Michel Yergeau (devenu depuis une sommité en droit de l'environnement), qui lui a donné le goût de pratiquer dans ce domaine et de devenir une des meilleures avocates dans un secteur du droit dont la plupart des grands bureaux se sont toujours tenus loin, vraisemblablement en raison des taux horaires moindres.

En haut de l'échelle, il est vrai, un avocat de droit familial peut difficilement facturer plus de 450$ l'heure... un taux moyen comparé à ceux qui pratiquent en droit des affaires. Ironiquement, aujourd'hui, beaucoup de ses clients lui sont référés par les grands cabinets.

Une cause historique

Ces temps-ci, Suzanne Pringle a l'occasion de démontrer tout son savoir-faire. Car, depuis plusieurs mois, elle travaille dans une cause qui retient l'attention de tous les médias, celle opposant le milliardaire Éric, son client, à son ex-conjointe de fait, Lola. Rappelons-le, Lola réclame une pension alimentaire à Éric, qui lui verse pourtant une pension de 34 000$ par mois pour leurs trois enfants, mais qui, néanmoins, refuse de lui en verser une à elle, arguant qu'il avait choisi de vivre en union de fait justement pour ne pas avoir les mêmes obligations que dans le cas d'un mariage.

En juillet dernier, l'homme a gagné en Cour supérieure, mais tout ce beau monde s'est retrouvé hier en Cour d'appel. Au coeur du litige: la validité constitutionnelle de certaines dispositions du Code civil du Québec, qui ne traitent pas les conjoints de fait comme des époux.

«Une des causes les plus importantes de ma carrière», admet l'avocate, qui vient de passer le dernier mois quasiment à temps plein sur cette affaire. Elle n'est pas seule à défendre Éric, il y a toute une équipe avec elle, dont l'associé-principal d'Ogilvy Renault, Pierre Bienvenu, qui se charge des questions de droit constitutionnel, alors qu'elle intervient sur les questions de droit familial.

Il n'empêche qu'on a peine à imaginer tout le travail de préparation pour un procès comme celui-ci. Il faut lire les rapports d'expertise, la jurisprudence et les mémoires déposés en Cour d'appel - quelques centaines de pages. Il faut aussi préparer la stratégie argumentaire et anticiper les questions que les juges poseront. Résultats dans quelques mois...

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