Même si l'opinion publique était farouchement contre, le gouvernement a décidé d'augmenter les tarifs d'électricité et de consacrer ces revenus supplémentaires à la réduction de la dette.

Le dégel des tarifs du bloc patrimonial d'électricité se fera graduellement et seulement à compter de 2014. Il se traduira par une augmentation de 3,7% par année pour tous les consommateurs, à l'exception des entreprises énergivores comme les alumineries, qui en seront exemptées.

En conférence de presse, le ministre des Finances a expliqué que ces entreprises sont vitales pour l'économie des régions du Québec. «Nous avons décidé de ne pas y toucher», a-t-il dit.

En revanche, celles qui bénéficient des tarifs très bas des contrats secrets conclus avec Hydro ne pourront pas les renouveler à l'échéance, entre 2014 et 2016. Elles paieront alors le tarif grande entreprise (tarif L), ce qui permettra à Hydro-Québec de récupérer des revenus supplémentaires de 160 millions.

Les entreprises épargnées sont seulement 150, ce qui a fait dire au porte-parole de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante que l'effort de réduction de la dette a de quoi laisser sceptique plus d'un dirigeant de PME. «L'augmentation des tarifs d'électricité épargnera 150 entreprises énergivores mais nuira aux 200 000 PME qui paient déjà de 20 à 30% plus cher», a dénoncé Richard Fahey.

Le tarif patrimonial augmentera de 1 cent entre 2014 et 2018, et il sera par la suite ajusté au rythme de l'inflation.

Les revenus supplémentaires provenant de la hausse de 2,79 à 3,79 cents le kilowattheure du bloc patrimonial seront versés Fonds des générations créé pour rembourser la dette. C'est 1,6 milliard, qui s'ajoutera aux redevances hydrauliques versés par les producteurs d'électricité (Hydro-Québec, Alcan et les autres producteurs privés).

Québec a hésité avant d'augmenter le tarif patrimonial parce que l'augmentation des revenus qu'il tire d'Hydro-Québec risque de réduire d'autant les sommes qu'il reçoit en péréquation du gouvernement fédéral.

Les dégâts seront toutefois limités: l'augmentation ne sera en vigueur qu'en 2014 et s'appliquera graduellement, jusqu'en 2018. Entre-temps, il y aura des négociations sur la péréquation et Québec espère convaincre le fédéral de changer sa méthode de calcul.

Au régime

Par ailleurs, le gouvernement est convaincu qu'il y a du gras à couper à Hydro-Québec. Il lui demande d'augmenter sa productivité de 25 millions cette année, de 100 millions l'an prochain et de 150 millions l'année d'après, sans avoir recours aux tarifs. En 2013-2014, Hydro devrait pouvoir générer 250 millions de profits additionnels provenant de la réduction de ses dépenses, qui s'élèvent à 10 milliards par année.

Le ministère des Finances demande la même chose à la Société des alcools et à Loto-Québec mais, dans leur cas, l'effort demandé est beaucoup plus modeste. La SAQ, dont les dépenses annuelles atteignent 1,6 milliard, devra augmenter ses profits de 50 millions par année sans augmenter le prix de ses produits.

Loto-Québec devra elle aussi verser au gouvernement 50 millions de plus par année, en rognant sur ses dépenses annuelles de 2,4 milliards.

Les bonus et les primes fleurissent dans les sociétés d'État à vocation commerciale, et le ministère des Finances n'entend pas y mettre fin même si les primes au rendement seront suspendues dans le reste du secteur public pour les deux prochaines années.

Raymond Bachand s'attend tout de même à ce que les dirigeants d'Hydro-Québec, de la Société générale de financement et des autres sociétés d'État se gardent «une petite gêne». «Nous (leur) demanderons un effort de discipline comparable, tout en tenant compte de leur situation particulière», a dit le ministre des Finances.