Montréal aurait-il une autre raison d'envier Québec? Alors que la place financière de Montréal joue sur la défensive, Québec s'impose comme le chef-lieu de l'assurance, avec ses 10 sièges sociaux de sociétés d'assurances, dont quatre figurent dans le top 10 au Canada.

Le secret de la capitale? Peut-être ses fortifications...

Les sociétés d'assurances de Québec sont protégées des assauts par leur structure juridique. Ce sont toutes des mutuelles ou des organisations à caractère coopératif, sauf l'Industrielle-Alliance qui est aussi à l'abri d'une prise de contrôle, puisque la loi empêche quiconque d'acheter plus de 10% de ses actions.

Et la présence de syndicats chez plusieurs assureurs, comme La Capitale ou SSQ, forme un autre rempart qui repousse d'éventuels acquéreurs.

Au lieu de subir la consolidation, Québec est passé à l'attaque et a marqué des points. Depuis 2000, l'effectif des assureurs dans les sièges sociaux de la région a gonflé de 63%, pour atteindre 9100 employés.

Les assureurs se sont développés à grands coups d'acquisitions, au Québec mais aussi à l'extérieur de la province, d'où ils tirent maintenant 36% de leur chiffre d'affaires, par rapport à 30% en 2005.

L'Industrielle-Alliance réalise même la moitié de ses affaires hors Québec. Par exemple, l'acquisition de Clarington Corporation, en 2005, lui a permis de gagner des parts de marchés dans l'industrie canadienne des fonds.

Québec y gagne aussi: le gros des activités de gestion de fonds a été centralisé à Québec, où l'Industrielle-Alliance, comme employeur de choix dans la région, a le beau jeu pour recruter des gestionnaires bourrés de talent qui n'ont pas envie d'aller travailler ailleurs.

«Être en dehors des grands pôles, c'est un avantage marqué. Je ne serais pas capable d'avoir la même équipe à Toronto. Ou bien ça me coûterait 50% à 100% plus cher!» lance Michel Tremblay, vice-président exécutif, Placements. D'ailleurs, il ne comprend pas pourquoi Montréal n'utilise pas mieux cet avantage, face à Toronto.

Cela dit, le recrutement de personnel scolarisé, et surtout bilingue, reste un défi de taille à Québec. Prenez Desjardins Sécurité financière qui vient de signer d'importants contrats d'assurance collective pour les employés des hôpitaux de l'Ontario, et les enseignants de Terre-Neuve.

«Les gens de Terre-Neuve n'apprendront pas le français pour parler avec le service de gestion des invalidités! Il faut recruter du personnel qui sera bilingue», insiste Gilles Juneau, directeur général du Centre de développement en assurances et services financiers.

Le Centre a justement été créé, en 2007, par les assureurs de Québec, afin de trouver des solutions à leurs enjeux communs. Depuis, il a notamment élaboré un vaste projet de formation en anglais, en ligne.

Comme quoi la capitale a appris à jouer en équipe. Un à zéro, Québec!