Hexavest a eu une véritable surprise, en décembre dernier, durant la remise des prix du Canadian Investment Awards, les oscars de la gestion de portefeuille au Canada.

Les gestionnaires montréalais ont raflé deux médailles d'or et une d'argent, à titre de meilleur gestionnaire pour les actions internationales, mondiales et américaines. Mais ça, ils s'en doutaient un peu...

La surprise venait d'ailleurs. Au beau milieu du gala, les gestionnaires ont sauté de joie en jetant un coup d'oeil furtif à leur BlackBerry. «On a eu la confirmation de notre premier client en Australie!» raconte le premier vice-président Robert Brunelle.

Tout une satisfaction quand on sait que leurs premiers pas à l'étranger ont été une vraie traversée du désert. Hexavest s'est aventurée aux États-Unis, en 2005. La firme a cogné à la porte de tous les consultants, de toutes les caisses de retraite. Il lui a fallu 250 présentations avant de convaincre un premier client en 2008.

C'est que Hexavest était une petite boîte. Et son équipe de gestion nageait à contre-courant.

Déjà en 2006, Hexavest parlait des «subprimes», les fameuses hypothèques à risque qui ont mené à la crise du crédit. Mais les clients incrédules répondaient: «Sub-what?», puis leur disaient: «Vous êtes bien trop bearish, vous, les gars au Canada».

Finalement, la Bourse s'est écroulée... et leur a malheureusement donné raison. «On a été parmi les seuls à voir venir la crise. Ça nous a donné énormément de crédibilité», dit le président Vital Proulx.

Et puis en 2009, Hexavest est revenue dans le camp des optimistes... juste à temps pour profiter du rebond. Désormais, leurs portefeuilles battent les indices à plates coutures. Celui d'actions mondiales a livré un rendement annuel composé de 1,79%, sur 10 ans, par rapport à -3,44% pour l'indice, soit une valeur ajoutée de 5,23%.

Fondée en 2004, la firme gère maintenant 3,2 milliards d'actifs, dont plus du tiers pour des clients des États-Unis, de l'Australie et de l'Angleterre.

Là-bas, Hexavest a fait ses preuves dans le «club école» des grands régimes de retraite qui ont des programmes pour favoriser l'éclosion de gestionnaires émergents. Avec cette «écurie» de plusieurs jeunes gestionnaires, les clients peuvent surveiller les portefeuilles, voir les transactions en temps réel et apprivoiser le style de chacun.

Le Canada gagnerait à importer cette formule, selon Hexavest. «C'est difficile de partir une firme de gestion. S'il avait de tels programmes, ça faciliterait la chose», dit Robert Brunelle.

Et ça ne coûterait rien, renchérit Vital Proulx. «Ça prendrait juste un peu plus de temps. Il s'agit juste de faire confiance aux gens de chez nous. Il faut juste faire éclore le talent. Et du talent, ici, il y en a. C'est le plus grand espoir de Montréal.»