Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Valérie Cecchini, des Investissements Standard Life.

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

Ce qui a été le plus important, ce sont les données économiques américaines du Beige Book de la Réserve Fédérale et les statistiques sur le marché du travail (non-farm payroll). Ce qui est clair, c'est que les licenciements massifs sont terminés et que les intentions de création d'emplois sont là, même si les dirigeants restent prudents.

Depuis le début de l'année, nous sommes dans une nouvelle phase. La Bourse a connu un fort rebond en anticipation de la reprise qui a eu lieu. Maintenant, les investisseurs veulent avoir des preuves que cela ne dépendait pas seulement d'une reconstruction des stocks, et que la demande finale est au rendez-vous.

Les marchés vont restés volatiles tant qu'ils n'auront pas les preuves. Mais je ne pense pas qu'on aura un nouveau plongeon de la Bourse, car les entreprises ont beaucoup d'argent dans leurs coffres, et elles voudraient bien l'investir.

Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?

Le niveau du trafic aérien est indicateur important de la reprise économique. Les vols augmentent quand les vendeurs reprennent l'avion pour aller visiter leurs clients. Et le fret aérien reprend (avant même le trafic par bateau ou par camion) afin de répondre aux commandes de dernière minute lorsque la demande revient. Bonne nouvelle: le trafic a augmenté depuis janvier, alors que les transporteurs réduisaient le nombre de vols jusque là.

Que feriez-vous avec 10 000 $ à investir?

2010 va être une année d'investissement de la part des sociétés. C'est le thème de l'année. Tout le monde va réinvestir dans sa production, dans sa force de vente. Le secteur des produits industriels, c'est là où je veux être, avec des entreprises qui distribuent de l'équipement ou offrent des services de réparation et d'entretien, comme ATS Automation au Canada, ou Wesco International aux États-Unis.

Dans une perspective de hausse de taux d'intérêt, j'irais aussi vers les services financiers, avec l'assureur Manuvie qui sera capable de dégager de meilleurs rendements sur ses placements.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

Je ne veux pas d'entreprises qui ont de bons cash-flows, seulement parce qu'elles sont en mode liquidation: elles réduisent leur personnel, elles coupent dans la recherche, le développement, l'innovation. Oui, à court terme, cela donne de bonnes marges de profits. Mais les sociétés en éternelle restructuration vont trop loin dans leur effort de réduction des coûts et minent leur croissance à long terme. Elles se retrouvent dans une spirale descendante dont il est difficile de sortir.

Quel est l'élément que les marchés sous-estiment le plus présentement?

Je vois un cycle de dépenses en capital qui va surprendre tout le monde. La plupart des gens pensent que les dépenses en capital, ce n'est pas suffisant pour sortir de la crise. Mais c'est un élément très important cette année: les sociétés ont de l'argent, et elles ont beaucoup de projets qui étaient restés sur la glace. Elles vont réinvestir.