La récession a beau être terminée, le gouvernement fédéral dépensera 19,2 milliards cette année afin de continuer à relancer l'économie canadienne.

Annoncé en grande pompe l'an dernier en pleine récession, le plan de relance de deux ans du gouvernement Harper se termine cette année. Le gouvernement fédéral aura injecté 47,2 milliards en deux ans dans l'économie canadienne, dont 19,2 milliards cette année. À terme, le tiers (34%) du plan de relance aura été consacré aux 16 000 projets d'infrastructures et de logement.

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En 2010-2011, le plan de relance fédéral comprend 7,7 milliards en dépenses d'infrastructures, 4,2 milliards en aide aux chômeurs, 3,2 milliards en réduction du fardeau fiscal, 2,2 milliards en subventions aux industries en difficulté et 1,9 milliard en subventions à l'industrie du savoir et de la recherche. Il n'y a pas de nouvelles baisses d'impôt.

Même si le pays n'est plus en récession, le gouvernement fédéral doit être prudent et continuer à soutenir l'économie canadienne, selon les économistes consultés par La Presse Affaires. «On pourrait plaider qu'il y a peut-être trop d'argent dans le plan fédéral en raison de l'état de l'économie canadienne, qualifiée de «vigoureuse» par la Banque du Canada, dit Douglas Porter, économiste en chef de BMO Groupe Financier. Mais avec toute l'incertitude autour de l'économie dernièrement, c'est peut-être une bonne chose d'avoir un plan un peu trop imposant.»

L'économiste en chef de la Banque Nationale, Stéfane Marion, est du même avis. «Devant l'incertitude économique, il est raisonnable de continuer le plan de relance et de laisser les sommes d'argent déjà allouées dans le pipeline», dit-il.

Ottawa dépensera 7,7 milliards dans des projets d'infrastructures cette année, dont 1,1 milliard dans des projets de logement social. Avant même que l'année financière 2010-2011 ne soit commencée, 92% des fonds d'infrastructures sont déjà alloués à des projets précis. «C'est la suite des dépenses des projets de l'an dernier», résume Douglas Porter, économiste en chef de BMO Groupe Financier.

Le gouvernement Harper réduira le fardeau fiscal des contribuables de 3,2 milliards en 2010-2011. L'indexation des paliers d'imposition coûtera 2,0 milliards et les autres mesures fiscales - destinées aux enfants, aux travailleurs et aux aînés - coûteront 1,2 milliard.

Le gouvernement fédéral augmentera les prestations d'assurance-emploi de 1,6 milliard, dont 575 millions pour payer cinq semaines supplémentaires de prestations. Ottawa dépensera aussi 1,0 milliard pour élargir l'accès à la formation et 1,6 milliard pour maintenir les taux actuels de cotisation à l'assurance-emploi.

Ottawa profite aussi du budget pour venir en aide à quelques industries en difficulté. Après avoir obtenu 9,7 milliards l'an dernier, l'industrie automobile ne recevra pas un sou d'Ottawa cette année. La culture (183 millions), l'agriculture (146 millions), les forêts (108 millions) et le tourisme (74 millions) sont les industries les plus subventionnées. Ottawa octroie aussi 195 millions afin de soutenir l'emploi dans les PME.

«Terne»

Si l'économiste Douglas Porter a un reproche à faire au ministre Jim Flaherty, c'est son manque d'imagination. «C'est un des budgets les plus ternes que j'ai vus, dit l'économiste en chef de BMO Groupe Financier, qui a assisté à chaque budget fédéral depuis 1995. Il n'y a que 70 nouvelles mesures qui, ensemble, ne totalisent même pas un milliard. Par contre, le budget est plus détaillé que je le croyais sur la façon de réduire le déficit.»

Même son de cloche chez son collègue François Dupuis, économiste en chef du Mouvement Desjardins. «C'est l'un des budgets les plus faciles à analyser, dit-il. Il n'y a pas beaucoup de critiques car il n'y a pas grand-chose. Il aurait pu y avoir davantage de mesures structurantes à long terme, mais le ministre s'était déjà engagé à faire des dépenses d'infrastructures. Le plan du ministre Flaherty fonctionne assez bien. Il combat le déficit et il ne tombe pas sur le dos des provinces. Il a trouvé un certain équilibre.»

Le gouvernement fédéral estime que son plan de relance a déjà créé 130 000 emplois. L'objectif du plan de relance est d'en créer 220 000 d'ici la fin de l'année 2010.