Devant la reprise économique qui se concrétise au pays, le gouvernement Harper opte pour la prudence en déposant aujourd'hui un budget de 280 milliards marqué au sceau de la continuité.

Ce budget ne contient aucune hausse des impôts ou des taxes et ne comporte aucune nouvelle dépense majeure, le ministre des Finances Jim Flaherty se contentant de confirmer les investissements de 19 milliards prévus au cours des 12 prochains mois qui avaient été annoncés l'an dernier dans le cadre du plan de relance économique échelonné sur deux ans.

Cette somme déjà mise de côté servira à financer des projets d'infrastructures (7,7 milliards), à réduire les impôts (3,2 milliards), à soutenir les Canadiens ayant perdu leur emploi (4 milliards) et à investir dans les régions plus touchées par la récession (2,2 milliards).

Tout au plus, le ministre a donc annoncé pour 2010-2011 de nouveaux investissements modestes dans certains domaines comme la recherche et l'innovation et la formation des jeunes travailleurs totalisant 900 millions de dollars - la plus faible hausse des dépenses depuis 1997.

Comme il s'était engagé à le faire, le ministre a aussi annoncé un plan en trois volets pour éliminer d'ici 2015 le déficit record de 54 milliards de dollars enregistré en 2009-2010. M. Flaherty croit pouvoir rétablir l'équilibre budgétaire avec la fin du plan de relance économique, en imposant des compressions de 17,6 milliards de dollars en cinq ans et en engrangeant de nouveaux revenus grâce à la reprise économique.

«Nous sommes à un point tournant de notre histoire alors que nous émergeons de la récession mondiale. Le gouvernement entend appuyer la reprise au Canada, et non faire obstacle à sa croissance», a affirmé le ministre Flaherty dans son discours à la Chambre des communes.

«Les perspectives sont encourageantes. Dans deux ans, le déficit aura baissé de moitié. Dans trois ans, il aura diminué des deux tiers. Et peu après, le déficit sera éliminé», a ajouté le ministre.

Lorsque le déficit aura finalement été éliminé, en 2015, la dette accumulée du pays aura augmenté de 159 milliards de dollars, passant de 463 milliards à 622 milliards.

Contrairement à la méthode utilisée par les libéraux dans les années 1990, le gouvernement Harper ne sabre pas dans les paiements de transfert aux provinces pour financer des programmes comme la santé et l'éducation pour éliminer le déficit. Ces paiements continueront d'augmenter comme prévu, passant de 35,7 milliards de dollars en 2009-2010 à 44,7 milliards en 2014-2015.

Une partie des 17,6 milliards de dollars d'économies que compte faire le gouvernement Harper au cours des cinq prochaines années proviendra du gel du budget de l'aide internationale à partir 2011. Cette mesure permettra de réaliser des économies de 4,5 milliards. Le budget de la Défense continuera de croître, mais cette croissance sera limitée à partir de 2012. Ce faisant, Ottawa compte économiser 2,5 milliards de dollars en trois ans.

Les autres économies seront réalisées en contenant les dépenses de fonctionnement de l'État (6,8 milliards grâce au gel des salaires des députés et des sénateurs et au gel des budgets de fonctionnement de tous les ministères pour les cinq prochaines années) et en menant une révision des dépenses (1,2 milliard). Enfin, le gouvernement Harper croit pouvoir mettre la main sur 2,5 milliards de dollars durant cette période en éliminant des échappatoires fiscales.

Le gel des budgets des ministères se traduira éventuellement par une réduction de la taille de la fonction publique, donc du nombre de fonctionnaires. En outre, le gouvernement Harper veut éliminer près de 10 % des quelque 2700 postes d'organismes, de conseils et sociétés d'État relevant du fédéral.

Même s'il s'engage à ne pas hausser les impôts et les taxes, les employés et les employeurs verront leur fardeau fiscal augmenter à partir du 1er janvier 2011 avec la fin du gel des cotisations à l'assurance-emploi. Cette hausse devrait atteindre 15 cents par tranche de 100 $ de gain assurable pour les employés. L'Office de financement de l'assurance-emploi compte éliminer le déficit de la caisse, qui pourrait atteindre 15 milliards en 2012, au plus tard en 2014.       

Dans son budget, le ministre Flaherty a aussi :

> Réaffirmé l'objectif du gouvernement fédéral de faire du Canada le pays du G7 où le taux d'imposition sur le revenu (fédéral et provincial) des sociétés est le plus bas à 25 % 2012

> Annoncé la création d'une commission pour réduire les tracasseries administratives pour les entreprises. Cette commission sera composée de députés et de représentants du secteur privé

> Affirmé que le plan d'action économique permettra de créer ou de maintenir 2200 00 emplois d'ici la fin de 2010

> Annoncé la tenue de consultations publiques sur la meilleure façon d'améliorer le système de revenu de retraite alors que la population canadienne est vieillissante;

> Octroyé 75 millions de plus à Génome Canada pour de la recherche sur la foresterie et l'environnement, 32 millions de dollars de plus à trois conseils subventionnaires pour divers projets de recherche et 35 millions de dollars sur deux ans pour le développement de nouvelles technologies de production d'isotopes.