L'Association des ingénieurs-conseils du Québec a mis de l'avant le thème du développement durable cette année pour sa soirée de Grands Prix parce que, semble-t-il, le concept est maintenant véritablement intégré à la pratique quotidienne de l'ingénieur.

Qu'en pensent les leaders du développement durable dans la profession?

«C'est vrai que l'évolution est énorme», affirme d'emblée Gaston Déry, vice-président développement durable chez Roche Groupe-conseil. Des exemples tangibles? «Regardez les principes directeurs de la Société canadienne de génie civil. Regardez la formation offerte dans le domaine par le Réseau des ingénieurs du Québec. Regardez le MBA offert à l'Université Laval en responsabilité sociale et environnementale des organisations. Regardez la loi sur le développement durable adoptée par Québec en 2006 qui a obligé tous les ministères et organismes du gouvernement à intégrer les principes du développement durable. D'ailleurs, on a commencé à voir l'impact de cette loi dans les appels d'offres publics qu'on reçoit», indique-t-il.

Il semble que la population en général ait aussi fait des progrès énormes en matière de développement durable. «De plus en plus, on sent que le mouvement est présent dans la population. En tant qu'ingénieur, on a moins à se battre pour défendre nos points de vues vis-à-vis les clients. Les gens sont plus ouverts», remarque Roland Charneux, vice-président exécutif chez Pageau Morel et associés.

Dans ce contexte, il est donc capital que l'ingénieur prenne les devants, d'après M. Déry. «C'est lui qui se retrouve entre le promoteur du projet et sa réalisation. C'est donc lui qui a la possibilité d'influencer le projet, de faire des suggestions intéressantes», explique Gaston Déry.

Encore du chemin à faire

Les progrès sont donc tangibles, d'après les experts consultés, mais il reste encore des préjugés et des obstacles à surmonter. D'abord, il semble que bien des gens pensent encore que le développement durable réfère seulement aux questions environnementales.

«C'est un volet parmi tant d'autres, précise M. Déry. On doit aussi prendre en compte les questions économiques et sociales. Lorsqu'on construit quelque chose, on le léguera aux générations futures et il faut être conscient de cette question de patrimoine.» Ensuite, il y a l'argent. «Ça demeure le nerf de la guerre, affirme Gaston Déry. Il faut d'ailleurs arrêter de croire que faire du développement durable est plus cher.»