Économiser pour acheter une nouvelle voiture, payer le compte d'électricité, rénover la maison, voyager, lancer une entreprise...

C'est plus facile depuis le 1er janvier 2009, date anniversaire du compte d'épargne libre d'impôt (CELI). Ce nouveau régime enregistré encourage les Canadiens de plus de 18 ans à épargner à court terme atteindre divers objectifs, selon leur convenance. Les retraits et les revenus de placement tirés de ce compte sont non imposables.

Dans le monde fiscal, le CELI est considéré comme une véritable révolution. Aux yeux de Martin Leblanc, fiscaliste chez Samson Bélair Deloitte&Touche, il s'agit de la plus importante innovation dans le traitement fiscal appliqué à l'épargne des 50 dernières années.

Avec le CELI, le contribuable a maintenant un encouragement fiscal pour économiser à court terme. Cet outil souple lui permet de retirer et de contribuer selon ses humeurs.

Et si un particulier économise essentiellement pour la retraite, c'est comme si le gouvernement bonifiait tout à coup ses cotisations annuelles au REER de 5000$.

Peu d'adeptes

Mais malgré les avantages indéniables que procure ce compte d'épargne libre d'impôt, on dénombre encore peu d'adeptes au Québec. Seulement 19% des Québécois ont ouvert un CELI en 2009, révèle un sondage réalisé l'automne dernier par le Groupe Investors. C'est très peu quand on sait que 54% des ménages québécois détiennent un REER.

Comment expliquer ce manque d'intérêt?

«Le CELI a été lancé en pleine récession, répond M. Leblanc. Le contexte économique n'était pas propice à l'épargne.»

«Et les taux d'intérêt étaient extrêmement bas, continue-t-il. Ça encourageait très peu l'épargne, surtout que plusieurs Québécois se disaient désireux d'utiliser le CELI comme coussin de sécurité et d'investir dans des placements conservateurs, qui rapportaient très peu.»

De plus, comme les cotisations en 2009 étaient limitées à 5000$, les gens ont l'impression pour l'instant que ce n'est pas grand-chose. Mais petit train va loin. Dans 10 ans, un ménage pourrait détenir 100 000$ dans son CELI et tout le rendement sur ce capital sera libre d'impôt...

Une autre explication à ce désintéressement est que la popularité du programme de rénovation résidentielle en 2009 aurait pu faire ombrage au CELI. «Ce programme incitait les contribuables à dépenser au lieu d'épargner...», note Martin Leblanc.

Enfin, la méconnaissance du CELI est une autre explication très probable. «Les gens ont l'habitude d'épargner dans le REER, dit Nathalie Hotte, experte-conseil de la Banque Nationale Gestion privée. Mais le CELI, c'est autre chose.» Il faut une certaine sensibilisation pour que le contribuable y pense.

«Au fur et à mesure que les gens comprendront mieux le CELI et apprendront à l'utiliser à bon escient, les Québécois feront preuve d'un plus grand intérêt pour ce compte, continue-t-elle. Ce régime devrait, avec le temps, être aussi populaire que le REER.»

Et si le CELI réussissait effectivement à retenir l'attention du grand public, ses retombées sur le patrimoine familial seraient très bénéfiques. «Car s'il est bien utilisé, ce compte d'épargne libre d'impôt permettra un enrichissement des contribuables québécois, au détriment du fisc...», soutient Michel Babeu, associé chez RSM Richter Chamberland.