Nouvelle année, nouveau cabinet d'avocats! À Québec et à Montréal, il s'appelle Poudrier Bradet. Et il est au service exclusif des travailleurs...

On connaît le dicton, il y a toujours deux côtés à une médaille. Alors, quand un cabinet d'avocats ferme boutique, on peut le voir comme une tragédie. Mais lorsque, quelques jours plus tard, il renaît de ses cendres pour mieux repartir, alors on se dit que tout est bien qui finit bien.

C'est précisément ce qui arrivé à Grondin Poudrier, un cabinet de Québec et de Montréal. Après plus de 50 ans d'existence, il a mis la clé sous la porte le 31 décembre dernier... pour mieux ressusciter le lendemain sous le nom de Poudrier Bradet!

Rassurez-vous, ce ne sont pas des problèmes financiers qui sont à l'origine de cette mort soudaine et de cette résurrection. Non, si les dirigeants ont décidé de changer de nom, c'est pour des raisons stratégiques, de positionnement, en quelque sorte. Car, voyez-vous, depuis quelque temps, il y avait une certaine confusion entourant les activités de ce cabinet, assez en tout cas pour forcer la main des patrons à prendre une décision radicale.

Grondin Poudrier a toujours été un cabinet spécialisé en droit du travail et de l'emploi au service des travailleurs et des syndicats. Ce créneau, c'était le pain et le beurre du cabinet. Au fil du temps, toutefois, le cabinet avait développé d'autres secteurs, notamment en droit civil, en droit commercial, en droit de la construction. Dans ces domaines, il servait une clientèle commerciale, des PME pour la plupart. Voilà où était tout le dilemme: d'un côté, environ les trois quarts des avocats représentaient des syndicats dans des dossiers litigieux en droit du travail; de l'autre, une dizaine d'avocats avaient des patrons pour clients. À court terme, ça pouvait aller, mais plus le temps avançait, plus tout cela devenait ingérable.

«Ça affectait le développement de notre organisation», dit Denis Bradet, 65 ans, l'un des dirigeants du nouveau cabinet. Il explique que les patrons hésitaient de plus en plus à confier leurs affaires juridiques à un cabinet reconnu comme étant prosyndical. De plus, les syndicats - le gros de la clientèle - voyaient d'un mauvais oeil leur cabinet représenter des boss, même dans des dossiers commerciaux, «hors» du droit du travail.

«Dans notre métier, il faut choisir son camp!» dit l'associée Jacqueline Bissonnette, 49 ans. Les avocats ont donc choisi, ceux en droit du travail fondant le nouveau cabinet, les autres se replaçant ailleurs, dans des cabinets de droit des affaires.

Poudrier Bradet compte aujourd'hui 25 avocats, soit huit à Montréal et 17 à Québec. L'ancienne version en comptait une dizaine de plus. Il se décrit comme le cabinet formé du plus grand nombre d'avocats qui «consacrent exclusivement leur pratique à la défense des travailleurs et des organisations syndicales».

La vocation

Ça paraît peut-être un peu bizarre, mais ne pratique pas en droit du travail syndical qui veut. «Il faut avoir la vocation», dit l'associée Sophie Cloutier, 35 ans. Non seulement pour le droit, mais aussi pour la défense des travailleurs.

«J'ai toujours eu le goût de faire des relations du travail», dit Jean Poudrier, 60 ans, l'un des fondateurs. Très jeune, il savait que c'était ça qu'il voulait faire, même si cela voulait dire se sacrifier un peu financièrement.

Car cette vocation a un prix, que tous dans ce cabinet, semble-t-il, sont heureux de payer. Il est en effet beaucoup moins payant d'exercer comme avocat en droit du travail syndical que de faire le même métier dans un grand bureau. Chez Poudrier Bradet, par exemple, les taux horaires varient entre 100$ et 200$, selon le niveau d'expérience des avocats. Leurs adversaires, qu'ils affrontent tous les jours devant les tribunaux, facturent 400$, 500$, voire 600$ l'heure. Sans compter qu'ils disposent de bien plus de ressources et sont plus nombreux sur un dossier. Il y a deux mois, raconte Denis Bradet, il s'est présenté en cour avec un collègue. «De l'autre côté, ils étaient cinq!»

Cette vocation, de toute façon, les clients l'exigent presque. Ils veulent un engagement social de leurs avocats, explique Denis Bradet. «Et quand ils sentent que leurs avocats sont engagés eux aussi, ils en sont fiers.»

Des dossiers variés

La clientèle de Poudrier Bradet a beau être composée uniquement de travailleurs, elle est tout de même assez variée. On y compte des syndicats des secteurs publics (éducation, santé, universitaire), mais aussi des travailleurs du secteur privé, notamment des employés de bureau, des techniciens et même des associations de cadres.

Le boulot est diversifié. Ce sont des dossiers de griefs, d'arbitrages, de santé et sécurité au travail. Mais aussi, et de plus en plus, des dossiers de négociation de convention collective. Les avocats deviennent des spécialistes, en quelque sorte, en relations du travail. On fait appel à eux non seulement pour régler des dossiers, mais aussi comme négociateurs et pour éviter les conflits.

Nul doute qu'avec les prochaines négociations dans le secteur public, les avocats ne manqueront pas de boulot...

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