Un cabinet d'avocats canadien prend de l'expansion en ouvrant pas un, mais deux bureaux dans la région du golfe Persique. Un pari qui rapporte déjà...

L'avocat Dan Fournier a l'habitude de tout quitter pour tout reconstruire. En 1979, flairant le boom économique, ce Montréalais a déménagé à Calgary, et y a fondé, cinq ans plus tard, avec des collègues, le bureau albertain de Blakes, qui compte aujourd'hui une centaine d'avocats.

Eh bien! voilà que l'homme de 56 ans a décidé de relever un autre défi. Sauf que cette fois-ci, ce n'est plus dans la froideur de l'hiver qu'il devra rebâtir, mais bien sous le soleil brûlant du golfe Persique.

Depuis septembre, Dan Fournier dirige le bureau Blakes de Manama, capitale du Bahreïn. Il s'agit du premier cabinet canadien à s'installer dans cette région du monde. En fait, ce n'est pas un bureau que Blakes ouvre dans le Golfe, mais deux! D'ici quelques semaines, le cabinet sera également présent à Al-Khobar, en Arabie Saoudite. Les deux bureaux seront à une heure de route l'un de l'autre.

À première vue, cette décision semble surprenante. Après tout, qu'est-ce que des avocats canadiens peuvent bien faire là-bas? Et pourtant, la décision se comprend facilement. Avec l'internationalisation des services juridiques, à peu près tous les grands cabinets d'avocats - canadiens et autres - tentent de se positionner dans des régions stratégiques - lire en croissance -, où qu'elles se trouvent. Et le Golfe, à n'en pas douter, en fait partie.

«C'est un marché gigantesque», dit Dan Fournier, qui était de passage ces jours-ci dans les bureaux montréalais de Blakes, où il a reçu La Presse. Les chiffres lui donnent raison. D'ici cinq ans, les investissements dans le Golfe dans les projets d'infrastructures devraient atteindre 1500 milliards US, selon une estimation de la banque privée Pictet. On a besoin de routes, de ponts, de chemins de fer, d'hôpitaux, d'écoles, de pipelines et, bien sûr, pour s'occuper des aspects juridiques et financiers de tous ces projets, d'avocats.

Des clients ici et là-bas

Dans le Golfe, Blakes poursuit deux objectifs. Le cabinet veut d'abord servir ses clients canadiens qui veulent investir là-bas ou qui y ont déjà des intérêts. On parle ici de très grandes entreprises oeuvrant dans les secteurs de l'énergie et de l'ingénierie. Blakes veut aussi identifier des investisseurs locaux et les accompagner dans leurs projets d'investissement au Canada. Plusieurs riches familles du Golfe et Fonds souverains ont des milliards à investir et songent à les placer dans de bons projets immobiliers ou dans les sables bitumineux. En ayant un pied à terre sur place, Blakes espère obtenir sa part de mandats.

La stratégie semble déjà fonctionner. Le bureau de Bahreïn a récemment bouclé sa première transaction pour une banque privée locale. Celle-ci cherchait à acquérir une participation dans une entreprise de télécommunications... en Inde. Et puis, au moment même où ces lignes sont rédigées, des avocats de Blakes à Bahreïn négocient pour le compte d'un État du Golfe les conditions d'un contrat important contrat gazier avec un autre État du Golfe. Oui, oui, entre deux États du Golfe qui discutent d'un contrat de plusieurs milliards de dollars, se retrouvent des avocats canadiens!

Deux bureaux, deux cultures

À Manama, le bureau de Blakes compte six avocats. Deux sont canadiens, deux sont britanniques et deux sont de la place, les seuls autorisés à pratiquer le droit local. L'un d'entre eux s'appelle Saud Al Ammari et il est probable que, sans lui, le projet de Blakes n'aurait jamais vu le jour. Cet avocat saoudien, qui a étudié à Harvard, a agi pendant 10 ans comme conseiller juridique spécial, pour ensuite devenir chef du contentieux chez Saudi Aramco, société pétrolière nationale de l'Arabie Saoudite. C'est d'ailleurs lui qui dirigera le bureau Al-Khobar.

Mais, au fait, pourquoi deux bureaux? Parce que si seulement une heure de route les sépare, les deux bureaux de Blakes sont situés à des années-lumière, culturellement parlant. À Bahreïn, on se retrouve presque dans un pays occidental. La majorité de la population est composée d'expatriés. La circulation des biens et des personnes est fluide. Et puis, c'est devenu un centre financier important; 250 banques y sont enregistrées. «Nous sommes des spécialistes en financement et financement de projets, nous devons être présents ici», explique Dan Fournier.

De l'autre côté de la frontière, c'est un tout autre portrait. L'Arabie Saoudite est l'un des pays les plus conservateurs de la planète. Difficile d'y entrer. Y brasser des affaires prend du temps. Il s'agit néanmoins du marché le plus important de la région. Une économie cinq fois plus grosse que tous les autres pays du Golfe réunis. Et une économie qui croît plus rapidement que ses concurrentes. D'où l'engagement de Blakes de s'y établir, quitte à être très patient. D'où aussi, l'association avec Me Al Ammari. Il connaît la région, il connaît la culture, il a les contacts, il est habile négociateur. Plusieurs fois, il a eu l'occasion de conseiller le Royaume d'Arabie Saoudite, notamment à titre d'avocat général du ministère du Pétrole et des Ressources naturelles. On compte sur lui pour accélérer les choses...

EN BREF

Trois nouveaux avocats chez LKD

Langlois Kronström Desjardins annonce l'arrivée de trois nouveaux avocats en droit du travail et droit administratif, en droit immobilier public et privé et en litige, à ses bureaux de Montréal et Québec. Pour Montréal, il s'agit de Martin Pelletier, qui accède au statut d'avocat après avoir terminé son stage au cabinet. Il travaille dans le secteur du droit du travail et droit administratif. À Québec, Marie-Claude Pichette devient aussi avocate après avoir réalisé son stage. Son expérience et ses connaissances dans le domaine agricole font d'elle une avocate spécialisée pour tout litige, recours et opinion juridiques liés au secteur des affaires et de l'agriculture. Enfin, Bruno Sylvestre se joint également au bureau de Québec. Sa pratique est orientée principalement en droit public et immobilier et, plus précisément, en droit municipal et en aménagement du territoire.

Un 15e bureau pour Cain Lamarre

Déjà établi dans 14 localités au Québec, Cain Lamarre Casgrain Wells prend de l'expansion en ouvrant un nouveau bureau à Drummondville. Il comprend 11 professionnels recrutés localement, neuf avocats et deux notaires. Quatre proviennent du cabinet drummondvillois Clair Laplante Côté; les autres sont issus d'autres petits cabinets. Les professionnels du bureau de Drummondville exerceront en droit commercial et corporatif, mais aussi en droit du travail et de l'emploi, en litige et en droit municipal, et offriront des services notariaux.

Mireille Fontaine passe chez GowlingsLe bureau montréalais de Gowlings accueille dans ses rangs l'avocate Mireille Fontaine. Me Fontaine, 39 ans, pratiquait depuis 12 ans au bureau de Montréal de McCarthy Tétrault, où elle était associée. Elle a donné sa démission la semaine dernière et est attendue chez Gowlings. Sa pratique porte principalement sur les secteurs du capital d'investissement privé et des fusions et acquisitions. Pour Me Fontaine, il s'agit d'un retour aux sources puisqu'elle retrouvera chez Gowlings l'associé directeur Robert Dorion, son mentor du temps où les deux avocats pratiquaient chez le défunt Guy & Gilbert.

Une nouvelle VP juridique pour Ivanhoé CambridgeUne avocate qui a passé plus de 30 ans au bureau de Montréal de McCarthy Tétrault a décidé de faire le saut en entreprise. Lorna J. Telfer, associée réputée du groupe du droit des affaires de McCarthy, deviendra le 1er février la première vice-présidente, affaires juridiques, d'Ivanhoé Cambridge, filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec qui détient, gère et construit quelque 80 centres commerciaux dans le monde. En plus de diriger une équipe d'avocats (entre 20 et 30 dans le monde), elle siégera au comité de gestion de l'entreprise. Chez McCarthy, en 2008, elle s'était vu confier un rôle élargi en développement des affaires. Lorna Telfer affirme qu'elle n'a pas cherché ce nouveau job. Celui-ci lui a plutôt été proposé par un chasseur de têtes. Ce n'est qu'après avoir rencontré les dirigeants d'Ivanhoé Cambridge qu'elle a pris sa décision.

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