«C'est certain qu'on aura une autre correction boursière.»

Toute la question est de savoir quand, indique en entrevue Richard Pilotte, planificateur financier et directeur du service de la panification financière personnelle au cabinet Mallette.

Même si le passé n'est garant de rien, dit-il, un retour sur les sept dernières crises montre qu'elles ont des origines différentes, mais que les cycles durent toujours environ six ou sept ans.

Comme presque un an s'est déjà écoulé depuis que les indices boursiers ont atteint leur dernier creux en mars 2009, on peut donc envisager d'avancer prudemment pour les cinq prochaines années.

À cause des très faibles taux d'intérêt, les dépôts à terme offrent actuellement peu d'attrait. Et le temps n'est pas propice au rendement des obligations gouvernementales.

Donc pour la portion nécessaire à un portefeuille, il recommande de les choisir de courte échéance puisque les taux d'intérêt ne peuvent pratiquement plus baisser.

Certaines obligations corporatives sont intéressantes, mais elles sont rares dans le marché.

En fait, dit l'expert, si le marché des titres à revenu fixe était «normal», il recommanderait probablement à un investisseur moyen de ne pas aller vers une plus forte composante en actions.

Mais peut-on laisser plus de 35% d'un portefeuille attendre sans rendement?

Par contre, on ne peut pas perdre les actions de vue et, si on considère qu'on est encore en début de phase ascendante, l'idée de profiter du momentum de croissance des bénéfices des sociétés se défend pour viser un rendement «raisonnable».

Mais tout dépend d'où on part.

Georges et Gérard

Pour illustrer la différence, le spécialiste imagine deux collègues de travail tous deux à 10 ans de la retraite et disposant de chacun 10 000$ à investir dans leur REER cette année, grâce aux droits de cotisation accumulés.

Le 1er février 2009, la valeur de leur épargne enregistrée était égale à 10 0000$ et investie de la même manière à 40% en placements à revenu fixe et à 60% en actions.

Georges, le constant, n'a pas modifié son allocation d'actif, même si ses actions ont encore facilement perdu 20 000$. Mais leur remontée lui en a ensuite redonné environ 12 000$, ce qui amène aujourd'hui son REER autour de 92 000$.

Si Gérard, l'incertain, a vendu ses actions au pire moment, son portefeuille peut bien ne plus valoir que 65 000$.

Georges pourrait forcer un peu la note avec sa cotisation de 2010 et pousser la proportion d'actions à un peu plus de 60% en gardant à l'esprit de la rabaisser à ce niveau dès que les taux d'intérêt auront remonté.

Dans le cas de Gérard, son expérience lui a probablement appris qu'il n'avait pas raison de paniquer, mais qu'il n'aurait jamais dû avoir un portefeuille exposé au marché boursier à plus de 50%. Comme il n'a plus d'actions, il peut envisager d'y revenir graduellement, mais en n'y mettant pas plus de 35% de son nouvel investissement et seulement après un examen en profondeur de ses objectifs.

La dernière crise nous a appris, ajoute M. Pilotte, à surveiller de plus près certains signaux. Par exemple, le secteur de l'immobilier puisque l'épine dorsale des marchés financiers a craqué sous le poids de l'endettement en septembre 2008.

C'est aussi le temps de faire des choix en pensant au dividende versé par une société.

Mais, conseille ultimement Richard Pilotte, n'investissez jamais dans quelque chose que vous ne comprenez pas. «Si, dit-il, vous ne pouvez pas dessiner avec un crayon ce que ça représente pour vous, n'y touchez pas.»