La cause des cinq coaccusés de Vincent Lacroix dans l'affaire Norbourg est «trop grosse et trop complexe». C'est en ces termes que les jurés ont annoncé dans une note, en fin d'après-midi, hier, qu'ils étaient dans l'impasse après 11 jours de délibérations.

Les 11 hommes et femmes, qui vivent en vase clos depuis 11 jours, n'arrivent pas à être unanimes. Pour y arriver, il faudrait que la moitié d'entre eux renient leurs convictions les plus profondes, ont-ils fait savoir. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, ont-ils ajouté.

Comme c'est l'usage en pareilles circonstances, le juge Richard Wagner leur a demandé de faire un autre effort. «J'ai reçu votre note, elle est très éclairante. Mais j'ai le pouvoir de vous demander de continuer», leur a dit le magistrat, qui a ajouté que les jurés n'avaient pas à arriver à un verdict à tout prix mais qu'ils devaient garder l'esprit ouvert. Le juge lui-même semblait toutefois entretenir peu d'espoir de voir les choses débloquer tant il a trouvé «impressionnants» les mots qu'ont utilisés les jurés. Ils doivent revenir en cour demain matin.

Les accusés, Rémi Deschambault, Jean Cholette, Serge Beugré, Jean Renaud et Félicien Souka, travaillaient sous les ordres de Vincent Lacroix ou de concert avec lui chez Norbourg. Ils font face à des accusations de fraude, fabrication de faux, complot et recyclage des produits de la criminalité, mais tous à des degrés différents. En tout, ils font face à plus de 700 accusations, et les jurés doivent rendre un verdict sur chaque accusation.

Le procès a commencé au mois de septembre. Les 11 jurés (le 12e s'est retiré pour des raisons de santé), ont entendu 65 témoins et doivent se dépêtrer avec une preuve qui tient sur 30 000 pages.

«S'ils ne s'entendent pas après 11 jours, on ne peut pas leur demander de faire un saut vers le verdict, au-delà de leur conscience. C'est une cause très difficile. On peut penser qu'il n'y a pas qu'un problème, il y a plusieurs problèmes», a fait valoir Me Richard Dubé, qui représente Jean Renaud. «Nos clients ont hâte que ça finisse, c'est un calvaire qui n'arrête pas», a dit Me André Lapointe, qui représente Félicien Souka.