Vous êtes cégépien et vous désirez vous diriger vers des études en génie? Vous aurez l'embarras du choix parmi les établissements d'enseignement de la métropole, d'autant plus que l'Université Laval, à Québec, et l'Université de Sherbrooke font de l'oeil aux étudiants montréalais.

Comment les établissements arrivent-ils à se distinguer les uns des autres? En misant sur des expertises prometteuses. En voici quelques-unes.

Université Concordia

Le génie en sécurité informatique a le vent dans les voiles. Concordia a créé un programme de maîtrise en sécurité des systèmes d'information il y a quelques années et il suscite de plus en plus d'intérêt. Actuellement, 150 étudiants y sont inscrits, un nombre assez important pour un programme de deuxième cycle.

Les étudiants qui suivent cette formation sont un peu les détectives de demain, aux yeux de Mourad Debbabi, directeur de l'Institut d'ingénierie des systèmes d'information de l'Université Concordia.

«Avec les événements de 2001, tous les gouvernements dans le monde ont pris conscience que la sécurité était un impératif et aujourd'hui, cela passe beaucoup par l'informatique. Alors que les besoins étaient énormes, on a aussi réalisé qu'on avait un déficit de formation dans le domaine», explique-t-il.

La formation touche à différents grands secteurs de la sécurité informatique comme la conception de systèmes sécurisés, la protection des systèmes informatisés, la détection des intrusions, la prévention des attaques ainsi que les mesures à prendre en cas d'attaque.

Les ingénieurs spécialisés en sécurité informatique étudient également la criminalistique informatique. Les diplômés de ce programme sont très recherchés par les différentes instances gouvernementales, les entreprises et les centres de recherche.

Polytechnique: baccalauréat en génie aérospatial

Très proche du génie mécanique, le génie aérospatial était auparavant une concentration possible pour les étudiants, mais depuis septembre, il est possible de faire un baccalauréat complet dans le domaine à Poly.

«Les besoins de formation sont bien présents, notamment en raison des nombreux départs à la retraite dans l'industrie, et nous voulions donner une meilleure visibilité à cette spécialité de Polytechnique en lui consacrant un baccalauréat entier», explique Clément Fortin, directeur du département de génie mécanique à Polytechnique.

Ainsi, dès le début de leur formation, les étudiants réalisent des projets liés à l'aérospatial. «C'est plus motivant que de devoir attendre dans les dernières années du programme, comme avec une concentration», indique le Dr Fortin.

Le programme a été créé en suivant l'initiative internationale CDIO qui travaille à améliorer la formation générale des ingénieurs. Déjà, le programme en génie aérospatial est contingenté. «Pour démarrer le programme, nous avons eu 140 demandes d'étudiants et nous en avons pris 60», ajoute-t-il.

ETS: la logistique prend son envol

Le baccalauréat en génie des opérations et de la logistique est un programme encore modeste à l'ETS. Or, d'après Claude Olivier, directeur des affaires académiques, «lorsque les gens comprennent ce que peut réaliser un ingénieur logistique, ils en veulent dans leur société».

Mais quel genre de travail peut accomplir un ingénieur en logistique exactement?

«Urgences-santé veut savoir où elle devrait placer ses ambulances dans l'île de Montréal pour qu'elles arrivent sur les lieux demandés dans les plus courts délais. Vous avez besoin d'ingénieurs en logistique. Une entreprise d'aéronautique lance un nouveau modèle de moteur d'avion dont elle délocalise une partie de la production dans d'autres pays. Pour que tous les morceaux arrivent au bon moment pour l'assemblage, elle a besoin d'ingénieurs en logistique», explique-t-il.

L'ETS forme 30% des diplômés en ingénierie du Québec et son taux de placement est de 100% dans tous ses programmes.

Université de Sherbrooke: le génie biotechnologique

«Depuis longtemps, l'Université de Sherbrooke est très active dans le domaine du génie chimique, alors le génie biotechnologique était une évolution naturelle», explique Nicolas Abatzoglou, directeur du département de génie chimique et de génie biotechnologique à l'UdeS.

Le baccalauréat en génie biotechnologique, un programme unique en son genre au Québec, enseigne aux futurs ingénieurs comment réaliser des procédés chimiques et des procédés biotechnologiques. Une expertise de plus en plus demandée dans les entreprises, les centres de recherche ainsi que dans les industries variées comme celles du médicament, de l'alimentation et du traitement des eaux usées.

Le programme se donne en collaboration avec le département de biologie.

L'UdeS a aussi mis sur pied le cheminement intégré baccalauréat-maîtrise pour ses programmes de génie.

«Alors que la plupart des baccalauréats exigent 90 crédits au Québec, ceux en génie en exigent 120. Pour atténuer ce décalage, nous avons décidé d'accélérer le parcours de ceux qui voudraient faire une maîtrise», explique Patrik Doucet, vice-doyen à la formation à la faculté de génie de l'UdeS.

Ainsi, les étudiants qui choisissent le cheminement intégré peuvent terminer leur baccalauréat et leur maîtrise en génie en cinq ans.

Université McGill: génie biomédical et aérospatial

À l'Université McGill, des chercheurs de différents domaines du génie s'intéressent aux questions de la prévention, de la détection et du traitement de maladies qui touchent notamment les cartilages en mettant au point des technologies biomédicales. D'autres s'intéressent à de nouvelles techniques de régénération des os et des cartilages.

«Grâce à l'ingénierie des tissus humains, on peut trouver des solutions à des problèmes médicaux et améliorer la qualité de vie de gens», indique Andrew Kirk, vice-doyen, recherche et formation 2e et 3e cycles, à la faculté de génie de McGill.

Il y a également de l'effervescence à McGill dans le domaine du génie aérospatial. L'Institut d'ingénierie aérospatiale a récemment été mis sur pied et attend très prochainement son approbation finale.

Université Laval: lier génie et protection de l'environnement

Programme unique en français au Canada, le baccalauréat en génie agroenvironnemental est offert à l'Université Laval.

«Ce programme vise à concilier production agricole et préservation de l'environnement», indique Nicole Lacasse, vice-rectrice adjointe aux études et aux activités internationales à l'Université Laval.

En alliant des compétences de génie mécanique, de génie civil, d'agronomie et de sciences de l'environnement appliquées à l'agriculture, l'ingénieur en agroenvironnement peut intervenir dans la gestion de l'environnement en milieu agricole, en irrigation et en drainage, en conservation des sols, en construction agricole, en mécanisation agricole ainsi qu'en transformation primaire des produits.

Le département de génie civil a aussi lancé un nouveau programme en 2009, le baccalauréat en génie des eaux. «Le traitement des eaux est souvent problématique, comme on l'a vu récemment avec les algues bleues, les nombreuses sécheresses et les inondations», indique Mme Lacasse.