Entamées hier avec un jour de retard, les plaidoiries finales des avocats au procès des cinq complices présumés de Vincent Lacroix dans la fraude des fonds Norbourg s'allongeront sur quelques jours.

Par conséquent, à la teneur de la première des cinq plaidoiries de la défense, qui a duré cinq heures hier, et de la longue plaidoirie déjà annoncée par la Couronne, tout indique que le jury ne pourra entamer ses délibérations avant la fin de la semaine prochaine.

Ce jury de 12 personnes - sept femmes et cinq hommes d'âges variés - siège depuis trois mois dans un procès dont la preuve s'est avérée complexe par moment, avec la production de centaines de documents et d'une soixantaine de témoins. Aussi, parce qu'elles concernent plus de 700 chefs d'accusation parmi les cinq coaccusés, les délibérations du jury pour parvenir à un verdict s'annoncent beaucoup plus compliquées que la moyenne des procès au criminel.

D'ailleurs, avant le début des plaidoiries de clôture des avocats, hier matin au palais de justice de Montréal, le juge Richard Wagner, de la Cour supérieure du Québec, a pris plusieurs minutes pour rappeler aux jurés qu'il était de leur seul ressort de décider de la qualité et de la suffisance de la preuve en appui des accusations.

«Ce que les avocats vous disent (en plaidoirie), c'est de faire valoir leur point de vue. Ce n'est pas de la preuve», a insisté le juge Wagner, avant d'indiquer aux jurés qu'il leur prépare des directives très spécifiques pour le moment où il les enverra en délibérations.

Entre-temps, c'est l'avocat du comptable Rémi Deschambault, embauché par Vincent Lacroix comme vérificateur externe de Norbourg, qui a entamé les plaidoiries de fin de procès.

M. Deschambault fait face à 131 chefs d'accusation de fraude, falsification de documents et de recyclage de produits de la criminalité.

Mais d'entrée de jeu, son avocat, Robert Jodoin, a prétendu devant les jurés que la Couronne n'avait «pas un iota de preuve» en appui à ses accusations de fraude contre son client.

Il a ensuite tenté pendant sa longue plaidoirie de convaincre les jurés que Rémi Deschambault, loin d'avoir toute intention de fraude, aurait en fait été berné et manipulé par Vincent Lacroix et ses principaux adjoints devenus délateurs de police: Éric Asselin et David Simoneau.

Pour démontrer l'ampleur du stratagème de Lacroix, l'avocat de M. Deschambault a aussi critiqué un à un les principaux témoins à charge de la Couronne qui, malgré leur formation et leur expérience en finances et en comptabilité, n'auraient «rien vu» et auraient manqué à «tinter des clochettes» devant les irrégularités de gestion de fonds chez Norbourg au fil des ans, avant la perquisition policière d'août 2005.

Pour la suite, on s'attend de la part des quatre autres avocats de la défense à des plaidoiries semblables de manipulation et de tromperie menées par Vincent Lacroix et ses principaux adjoints afin de disculper les quatre autres coaccusés devant le jury.

Il s'agit de Serge Beugré, ex-directeur général de Norbourg, Jean Cholette, qui a fait de la tenue de livres comptables de Vincent Lacroix, Félicien Souka, informaticien principal chez Norbourg, et Jean Renaud, ex-fonctionnaire du ministère des Finances devenu conseiller fiscal chez Norbourg.

Rappelons que Vincent Lacroix, qui devait faire partie de ce banc de coaccusés, a préféré plaider coupable à 200 chefs d'accusation juste avant l'ouverture du procès, en septembre dernier.

Il purge désormais une peine de 13 ans de prison qui lui a été infligée par le même juge Richard Wagner qui aurait aussi à décider des sentences des cinq coaccusés, s'ils sont reconnus coupables.