Verna Cuthbert, associée chez Fasken Martineau, a reçu hier le prix Excellence de CREW Montréal.

Les réalisations de Margarita Lafontaine, agent immobilier agréé et première vice-présidente chez Colliers International, à Montréal, et celles de Sonia Trudel, comptable agréée et directrice générale, services immobiliers à la Société Radio-Canada, ont aussi été soulignées.

Une pionnière. Voilà un mot qui décrit bien Verna Cuthbert, qui a commencé sa carrière d'avocate spécialisée en droit commercial à Toronto, il y a 30 ans. Elle a même réussi à devenir associée du cabinet qui comptait 30 avocats, parmi lesquels elle était la seule femme.

«J'ai eu la chance, même si j'étais jeune, de faire des projets importants parce qu'au milieu des années 70, il n'y avait pas encore de grosses tours à bureaux à Toronto comme c'est le cas aujourd'hui», indique Verna Cuthbert.

La jeune avocate a notamment participé à la réalisation de projets importants du centre-ville comme la First Canadian Place et le 95 Wellington.

Me Cuthbert a ensuite quitté la Ville reine pour Montréal, en 1984. À l'époque, il y a avait beaucoup à construire dans la métropole québécoise.

«Il y avait de grands projets immobiliers et j'ai participé à plusieurs, comme la tour IBM et le 1000, de La Gauchetière», se souvient celle qui a autant travaillé avec la common law qu'avec le droit civil.

Aujourd'hui, les services de l'avocate sont davantage sollicités par les institutions financières et les gestionnaires de fonds dans des dossiers de financement et de refinancement de projets immobiliers.

Une grande carrière en droit commercial donc, qui est toutefois arrivée par accident.

«Au départ, je m'intéressais au litige et c'est pour cette raison que j'avais choisi mon premier cabinet à Toronto. Toutefois, l'avocat qui faisait la réputation du bureau dans le domaine a été appelé à siéger à la Cour d'appel de l'Ontario, exactement au moment où je suis arrivée. Finalement, j'ai fait du droit commercial, l'autre spécialité du cabinet», explique Me Cuthbert.

Aujourd'hui, les femmes ont véritablement investi les facultés de droit des universités, remarque l'avocate. «On voit aussi plus de femmes en droit commercial, mais malheureusement, encore peu dans les niveaux supérieurs parce que plusieurs quittent la profession pendant plusieurs années pour avoir des enfants. Il faut trouver des solutions pour faire en sorte que les femmes demeurent dans la profession et puissent davantage gravir les échelons», dit-elle.

Margarita Lafontaine

Avec ses 20 ans d'expérience dans le domaine de l'immobilier commercial, Margarita Lafontaine a aussi été l'une des premières femmes à faire sa place au Québec dans le secteur et plus précisément, en tant qu'agent immobilier agréé.

«Dans ma carrière, j'ai négocié au-delà de 2 millions de pieds carrés avec des baux qui valaient souvent plusieurs millions de dollars», indique Mme Lafontaine, qui évalue la proportion de femmes dans sa spécialité à seulement 5%.

La femme d'affaires a travaillé avec plusieurs clients importants au fil des ans, mais l'une de ses réalisations qui a particulièrement attiré l'attention est celle de Microcell (Fido), à Place Bonaventure.

«Il y a environ 10 ans, je cherchais un endroit pour Microcell au centre-ville de Montréal. L'entreprise, alors en pleine croissance, ne devait pas être limitée en ce qui a trait à l'espace. J'ai donc pensé à Place Bonaventure, qui était presque vide à l'époque», se remémore Mme Lafontaine, qui s'occupait de tous les immeubles à bureaux et des boutiques (excepté celles situées dans des centres commerciaux) de Microcell au pays.

En choisissant Place Bonaventure, la femme d'affaires a donné un coup de pouce à la revitalisation de l'immeuble situé sur la rue de La Gauchetière.

«Nous sommes partis de loin! L'édifice n'avait même pas de fenêtres, alors nous avons dû demander qu'on en perce! Aujourd'hui, Microcell occupe deux étages de Place Bonaventure et environ 350 000 pieds carrés de superficie», ajoute-t-elle.

Margarita Lafontaine a eu la chance de travailler avec plusieurs autres institutions importantes au Québec, dont l'Université McGill et Desjardins. Elle est aussi la fondatrice et la coéditrice du magazine Premières en affaires, un emploi qui l'occupe pratiquement à temps plein maintenant.

Sonia Trudel

Avec sa formation de comptable agréée, Sonia Trudel, directrice générale, services immobiliers à la Société Radio-Canada, a rapidement bifurqué vers l'immobilier.

Comptant elle aussi environ 20 ans d'expérience dans le domaine, elle a travaillé comme contrôleur dans différentes compagnies immobilières avant d'aller chez Ernst & Young, en restructuration. L'un des projets importants réalisés par Sonia Trudel a été le redressement du Centre Eaton, à Montréal, après que les propriétaires eurent déclaré faillite.

«Lorsque j'ai commencé, 60% des locaux étaient occupés et seulement 10% de la clientèle potentielle connaissait le Centre Eaton. Lorsque je suis partie, 95% des locaux étaient loués et 60% de la clientèle potentielle connaissait l'établissement», explique celle qui a également été la première femme élue à la présidence de BOMA Québec, une association de propriétaires et d'administrateurs d'immeubles.

Sonia Trudel a ensuite travaillé pour l'entreprise qui gérait le 1000, de La Gauchetière, avant de se joindre à l'entreprise TeleReal, qui en était propriétaire. Cette filiale de BCE possédait également la section immeuble à bureaux de Place Montréal Trust.

«Lorsque le marché était bon, j'ai conseillé à mon employeur de vendre ces deux actifs et j'ai travaillé sur la transaction», indique Mme Trudel, qui est par la suite allée travailler à la Société Radio-Canada/CBC.

Elle y est depuis sept ans et s'occupe de tout le service immobilier de la société d'État au Canada, en plus des quelques baux que l'entreprise a signés à l'étranger, comme à Paris et à Londres.