Au cours des 10 dernières années, les petits et moyens producteurs ont donné en général des rendements meilleurs que les grandes entreprises aurifères. Et cette tendance devrait se poursuivre.

Selon Benoit Gervais, gestionnaire du Fonds mondial de métaux précieux Mackenzie Universal, les grandes entreprises aurifères ne brillent pas par l'efficacité de leur gestion et sont confrontées à des problèmes de croissance.

«Si ce n'était de l'or qu'ils produisent, les titres des grands producteurs seraient probablement les derniers à entrer dans les portefeuilles», a dit M. Gervais.

Le titre de Barrick Gold (Tor., ABX, 46,10$), le plus important producteur d'or du monde, a donné un rendement annuel composé de seulement 5,9% (avant dividende) à ses actionnaires depuis 10 ans.

Barrick a été coincée par la hausse rapide du prix de l'or, ayant vendu sa production à l'avance à des prix largement inférieurs au prix courant. Elle vient de racheter ces contrats, la forçant à inscrire une perte de près de 5 milliards US.

Comble de malheur, Barrick s'est protégée d'une hausse du cours du pétrole en 2008 alors que le prix était près du sommet. Cela s'est traduit par une dépréciation de 100 millions US de ses investissements à la fin de l'année.

Des coûts en hausse

Tous les grands producteurs font face également à des hausses substantielles de leurs coûts de production, bien que la récession a permis de renverser la tendance cette année.

Chaque once d'or que Barrick a extraite au quatrième trimestre de 2008 a coûté en moyenne, toute dépense comprise, 710$US.

Malgré cela, la société minière figure au sommet des listes de recommandations des analystes, car ses réserves prouvées et probables atteignent 116 millions d'onces d'or, auxquelles s'ajoutent 100 millions d'onces classées dans les ressources.

Ainsi, avec l'achat du titre de Barrick, les investisseurs achètent une option de long terme sur la hausse du prix de cet or, entreposé et bien protégé dans le sous-sol de ses propriétés minières.

C'est pourquoi M. Gervais a pardonné à Barrick ses erreurs passées et inclut le titre dans ses portefeuilles. Il pense que le prix est attrayant et que son programme de remplacement des vieilles mines lui sera profitable.

En outre, les titres des producteurs intermédiaires, qui étaient sous-évalués par rapport aux grands producteurs, ont beaucoup progressé au cours des derniers mois.

Benoit Gervais soutient que les grands producteurs d'or sont confrontés à une baisse de leur production à long terme et une hausse des coûts.

Ils éprouvent de plus en plus de difficultés à remplacer leurs réserves à des coûts raisonnables. Seule la hausse du prix de l'or leur permet d'ajouter des réserves pour du minerai qui n'était pas économique auparavant.

Meilleure croissance

C'est pourquoi la stratégie du gestionnaire est orientée sur les producteurs de plus petite taille comme Agnico-Eagle Mines (Tor., AEM, 64,05$) et Rangold Resources (NY, GOLD, 84$US), dont la croissance à des coûts raisonnables est plus facile.

Il détient aussi un panier de petites sociétés d'exploration ou dans la phase de développement des découvertes.

«Ce qu'on recherche, ce sont des sociétés qui ont démontré leur capacité de trouver de nouveaux gisements ou d'en acquérir tôt dans leur stade de mise en valeur», a ajouté M. Gervais.

Selon lui, Rangold est de loin la société qui s'est avérée la meilleure dans ce domaine. Agnico-Eagle affiche également une expérience et un bon flair pour acquérir des projets, en plus d'être un bon constructeur.

M. Gervais s'intéresse aussi aux sociétés dont le modèle d'affaires comporte un volet plus financier comme Franco-Nevada (Tor., FNV, 30$) et Silver Wheaton (Tor., SLW, 17$).

Ces sociétés acquièrent des redevances sur la production de mines. Leurs dirigeants doivent se montrer très perspicaces pour déceler les endroits prometteurs. Silver Wheaton fait partie de ses portefeuilles.

M. Gervais investit aussi dans de très grands gisements de longue durée de vie comme celui de la société Northern Dynasty Minerals (Tor., NDM, 7,71$) au Yukon.

La société veut mettre en valeur une immense mine de cuivre-or à ciel ouvert, projet contesté en raison de son impact possible sur une rivière à saumon.

«Il faut faire ses devoirs. Nous sommes allés voir nous-mêmes le projet. Nous avons engagé des experts pour étudier le cas. Nous croyons que le projet va aller de l'avant», a dit M. Gervais.