En dépit de la concurrence accrue de la Baie-James et du Nunavut, les vieux camps miniers de Val-d'Or, Rouyn-Noranda, Matagami et Chibougamau sont encore le noyau de l'exploration minière au Québec.

Dans le jargon du milieu, un camp minier est une région dans laquelle une ou plusieurs mines ont été découvertes et exploitées. Les services, les infrastructures, ainsi que l'information technique et scientifique y sont habituellement disponibles.

En raison des coûts d'exploration moindres, et des financements plus difficiles à obtenir en raison de la crise financière, un mouvement de repli de l'exploration vers les régions traditionnelles s'est amorcé à la fin de 2008 et au début de 2009.

Ressources Yorbeau est l'exemple type d'une petite société qui peut explorer à faible coût dans les vieux camps miniers. Son principal actif, la propriété Rouyn, est situé à quelques kilomètres de la ville de Rouyn-Noranda.

George Bodnar, administrateur et un des principaux actionnaires de Yorbeau, a acheté la propriété d'Exploration Augmitto dans le bas du cycle.

En la joignant aux autres propriétés de Yorbeau, la société s'est constituée un corridor de terrains d'exploration de 12 km le long de la faille Cadillac-Larder Lake.

Cette structure géologique, qui s'étend d'est en ouest de Val-d'Or jusqu'en Ontario, est parsemée de mines, dont la nouvelle mine d'or Lapa, de Mines Agnico-Eagle, à quelques kilomètres à l'est des limites de la propriété Rouyn.

«Après la découverte de Lapa, nous avons recentré notre stratégie pour explorer les zones plus profondes, dit M. Bodnar. Cette stratégie nous a permis de découvrir des indices comme Cinderella, qui a donné du 75 g/t en or sur 10,3 m et d'autres indices ailleurs sur la propriété.»

Les prochains mois seront déterminants pour Yorbeau. La société vient de réunir 2 millions auprès d'investisseurs londoniens pour financer les travaux, lequel sera probablement suivi d'un financement en actions accréditives. Son objectif: délimiter un gisement de plusieurs millions d'onces d'or.

Projets en préparation

Si plusieurs projets d'exploration comme celui de Yorbeau sont en cours dans les vieux camps, ce sont les nouvelles mines à ciel ouvert qui leur donneront une vraie cure de rajeunissement.

La Corporation minière Osisko a ouvert la voie à ce renouveau avec la construction de sa mine d'or Canadian Malartic, à Malartic.

Ce projet de 1 milliard, qui a obtenu un très large appui de la population locale, fait figure de modèle pour ce qui est de l'acceptabilité sociale des projets.

Osisko pourrait ouvrir une deuxième fosse sur le gisement Barnat, situé tout près.

De plus, la société minière vient de signer une entente avec Clifton Star Resources nécessitant des investissements et des prêts d'Osisko totalisant 107 millions sur quatre ans, pour obtenir une participation de 50% dans la propriété Duparquet.

Cette propriété, située à 90 km au nord-ouest de Malartic, renferme les anciennes mines Duquesne, Beetty et Donchester.

Ses ressources s'élèvent à 20 millions de tonnes à une teneur de 3 à 4 g d'or la tonne, soit quelque 2 millions d'onces d'or. Les anciens propriétaires de la concession exploraient la propriété sous l'angle d'une exploitation souterraine.

«On aborde maintenant le gisement sous l'angle d'une exploitation à ciel ouvert d'une teneur en or modérée», dit l'analyste Andrew Mikitchouk, de Thomas Weisel Partners.

À quelques dizaines de kilomètres de Canadian Malartic, Mines Aurizon étudie aussi sérieusement la possibilité de construire une mine à ciel ouvert sur sa propriété Johanna.

L'étude de préfaisabilité, publiée récemment, fait état d'une exploitation de 8500 tonnes par jour qui produirait 110 000 onces d'or par année pendant 8,5 ans.

Le coût de production au comptant serait de 450$US l'once et le coût de capital de 187 millions. L'étude de faisabilité finale devrait suivre à la fin de 2010.

À l'est de Desmaraisville, Ressources Métanor a remis en marche la vieille usine de traitement de la ville.

Le minerai provient du gisement d'or Barry, exploité à ciel ouvert; il est transporté par camion à son usine sur une distance d'une cinquantaine de kilomètres.

Métanor voulait reprendre également l'exploitation de l'ancienne mine souterraine adjacente à l'usine. Malheureusement, trois mineurs sont morts noyés dans le puits de la mine.

La CSST a entrepris une enquête, tout en autorisant la reprise des travaux de réhabilitation.

Le plan d'affaires de Métanor est d'exploiter tous les petits gisements d'or de la région dont le minerai peut être transporté de façon rentable jusqu'à Desmaraisville.

Des petits producteurs d'or d'Abitibi profitent aussi de la remontée du prix de l'or, et de leurs fonds de roulement, pour explorer vigoureusement leurs propriétés adjacentes.

Des dizaines de millions seront investis de cette façon par des sociétés comme Alexis Minerals Corp. et Wesdome.

Pour sa part, Mines Richmont veut redémarrer sa mine d'or Francoeur, à l'est de Rouyn-Noranda.

À Val-d'Or, l'exploration de la mine Beaufor pourrait mener à un approfondissement du puits ou au creusage d'un nouveau.

L'attrait de la Baie-James

La Baie-James et le Nunavut sont des territoires à fort potentiel minier, encore presque vierges.

Le vaste territoire compte des découvertes importantes comme celle du gisement d'or Éléonore de Goldcorp, et du gisement de nickel de Canadian Royalties.

Xstrata y exploite également la grosse mine de nickel Raglan, à l'extrême nord du Québec.

Jean-Marc Lulin, président d'Azimut Exploration, est très actif dans l'exploration de la Baie-James et du Nunavut. Il est convaincu que d'importants gisements d'or, de nickel et d'uranium sont encore à découvrir dans ce territoire. Sa société possède 10% de tous les claims inscrits au Québec.

Le plan d'affaires d'Azimut est de sélectionner des territoires propices à l'exploration à partir de bases de données et d'en acquérir les droits. Puis il s'adjoint un partenaire pour financer les travaux et assumer les risques. Une fois les travaux minimums réalisés, le partenaire obtient une participation, souvent majoritaire.

Cette formule a permis à Azimut d'être partie prenante de la découverte d'uranium North Rae, dans la péninsule du Nunavut, en 2006. Son titre a grimpé à près de 9$.

North Rae est retombée entièrement aux mains d'Azimut après le désistement de son partenaire et le rachat de sa participation résiduelle.

Par la suite, des résultats d'échantillonnages en rainure ont donné des teneurs en uranium jusqu'à 0,22%, dont 0,11% sur 20 m (équivalent à 2,5 livres d'uranium par tonne métrique).

«Nous connaissons maintenant des centaines d'indices uranifères à North Rae, dit M. Lulin. Notre objectif est d'y délimiter des ressources d'uranium à faible profondeur qui seraient exploitables par des fosses à ciel ouvert. Nous devrions effectuer les premiers forages à l'été 2010.»

Entre-temps, le président d'Azimut attend beaucoup des projets d'exploration aurifères de la Baie-James. Ses partenaires Goldcorp et Eastmain Resources effectuent des travaux de forage sur ses propriétés de la région d'Opinaca, près de la découverte d'Éléonore.

Azimut est l'un des principaux détenteurs de claims dans cette région. Ses liquidités s'élèvent à 1,7 million.

La société minière et ses partenaires investiront environ 3 millions sur leur propriété en 2009 et autant en 2010. La société compte seulement 23 millions d'actions émises.

À surveiller également à la Baie-James: Ressources Sirios et Dios Exploration qui y recherchent or, uranium, lithium et diamants.

Uranium et diamants?

Ressources Strateco tente aussi de faire de son gisement d'uranium Matoush, situé près des monts Otish au nord de Chibougamau, la première mine d'uranium de la province.

La société vient de déposer son étude d'impact environnemental aux organismes de réglementation ainsi que sa demande de permis pour procéder à l'exploration souterraine.

L'étude d'impact a coûté à elle seule 4,5 millions. Les études d'ingénierie menées en même temps ont coûté plus de 5 millions.

Le gisement de Strateco compte maintenant 1,59 million de tonnes à une teneur de 0,58%, soit près de 20 millions de livres d'uranium. La société effectue des forages pour tenter de hausser ces ressources peut-être jusqu'à 60 millions de livres.

L'analyste David Talbot, de Valeurs mobilières Dundee, a haussé récemment sa cible sur Strateco de 1,45$ à 1,80$ l'action, alors que le titre se négocie à 85 cents.

Il souligne que Strateco est la seule junior au Canada rendue à la phase d'obtention des permis pour un projet d'exploitation d'uranium. Il croit que la teneur élevée en uranium de son gisement lui permettra de le mettre en valeur même si le prix de l'uranium recule davantage.

Dundee a participé à un financement de 25 millions à raison de 2,60$ l'action pour Strateco, en 2007, lorsque le prix de l'uranium dépassait les 100$US la livre. Le prix est tombé depuis à 45$US la livre.

«La teneur du gisement Matoush est la meilleure au Canada en dehors du bassin de l'Athabasca. Les ressources d'uranium de Strateco ont atteint la masse critique nécessaire à la construction d'un complexe minier», soutient M. Talbot.

À l'est de Strateco, Diamant Stornoway a presque doublé les ressources en diamants de sa propriété Renard. Ces résultats rehaussent la probabilité que les kimberlites Renard deviennent la première mine de diamants au Québec.

Stornoway est partenaire à 50% dans ce projet avec Soquem, une filiale de la SGF. Ils y ont investi près de 115 millions à ce jour.

Québec a fait du diamant une de ses priorités dans sa nouvelle stratégie minérale.

Voir tableau des projets de mise en valeur avancés

Voir tableau des projets d'exploration minière au Québec à surveiller en 2009-2010