Si l'on devait bâtir une société d'exploration idéale, le modèle ressemblerait passablement à ce qu'André Gaumond, président et chef de la direction, et son équipe ont réussi à faire avec Mines Virginia.

C'est du moins l'avis de Pierre Lassonde, fondateur et président du conseil d'administration de Franco-Nevada Corp. et ex-président du conseil de Newmont Mining, un des plus importants producteurs d'or du monde.

M. Lassonde est considéré comme l'un des dirigeants miniers les plus perspicaces.

«M. Gaumond et Virginia, c'est le portrait parfait de gens et de sociétés dans lesquelles vous voulez investir. Il a fait des découvertes et créé beaucoup de valeur pour ses actionnaires», a dit M. Lassonde à La Presse Affaires.

Virginia cumule, en effet, trois des ingrédients principaux qui font le succès d'une société d'exploration minière: une équipe de gestion stable et compétente, un portefeuille de propriétés et les fonds pour financer l'exploration. Virginia possède 40 millions en encaisse.

L'équipe de 25 personnes de Virginia compte au moins six découvertes notables à la Baie-James. La plus importante est celle du gisement Éléonore, situé sur les rives du lac Opinaca.

Ce gisement, qui contient maintenant 6,2 millions d'onces de ressources (teneur moyenne de près de 11 grammes la tonne) a été vendu à Goldcorp en 2006 pour plus de 500 millions.

Selon André Gaumond, avant la vente, la possibilité de devenir exploitant minier pour profiter de la découverte a été discutée sérieusement au conseil d'administration.

Toutefois, dans la colonne des pour et des contre, le fait de devoir constituer une autre équipe, plus experte dans l'exploitation, a fait pencher la balance du côté de la vente.

«C'est certain que j'aurais aimé ça descendre un jour dans ce qui aurait été notre mine. Toutefois, nous avons jugé que l'exploration était notre domaine de compétence et que nous devrions continuer là-dedans», a dit M. Gaumond.

Redevance

Virginia continuera de profiter de cette découverte grâce à une généreuse redevance sur l'exploitation éventuelle, laquelle lui rapporte depuis avril 2009 des paiements anticipés de 100 000$US par mois.

Une fois l'exploitation en marche, Virginia aura droit à une somme variant entre 2 et 3,5% des onces d'or produites par la mine (sans devoir participer aux dépenses), somme qui dépendra de la quantité totale d'or extraite et du prix de l'or.

Les analystes de Valeurs mobilières Banque Laurentienne et de Genuity Capital situent la valeur actuelle de cette redevance, en présumant une exploitation future, entre 3$ et 4$ l'action de Virginia, laquelle se négocie présentement autour de 5$.

Virginia a aussi découvert le gisement de métaux usuels Coulon (14 millions de tonnes à 4% de zinc et 1,5% de cuivre), le plus gros gisement de métaux usuels non exploités à la Baie-James et au Québec.

Toutefois, sa teneur en métaux est présentement trop basse. Virginia cherche un partenaire pour en continuer la mise en valeur.

10 millions par année en exploration

Le plan d'affaires de M. Gaumond s'appuie d'abord sur le respect des actionnaires par une information ouverte et continue, et l'investissement judicieux des fonds.

Ensuite, Virginia a mis en place une stratégie d'exploration bien ciblée, exécutée par l'embauche et la rétention d'employés compétents.

Enfin, Virginia prône la mise en place de partenariats pour partager les risques.

M. Gaumond veut investir 10 millions par année dans ses propriétés situées surtout à la Baie-James, ou plus s'il y des découvertes, avec 20 à 25 projets d'exploration actifs.

Présentement, l'exploration est centrée sur l'or et près de la future mine Éléonore dont les infrastructures faciliteront la rentabilisation des découvertes.

«Après 15 années à la Baie-James, nous savons où et comment explorer ce territoire», dit M. Gaumond.

Le dirigeant est très enthousiaste, notamment pour son projet Isabelle, dont la géologie s'apparente le plus à celle d'Éléonore, ainsi que pour le projet conjoint avec sa nouvelle associée Odyssey Resources, du promoteur David Fennell, sur les projets FCI et Auclair.

«La valeur brute des métaux découverts par Virginia dépasse déjà les 9 milliards, alors qu'il n'y avait rien il y a quelques années. Et on vient à peine de commencer l'exploration», a conclu M. Gaumond.