Gérer son portefeuille en ligne peut être excitant, mais ce n'est sûrement pas facile.

Quels sont les secteurs qui ont le plus à gagner de la reprise économique qui semble s'amorcer? Quels sont les meilleurs titres à acheter en ce moment?

La Presse Affaires a questionné des experts. Voici ce qu'ils en pensent.

Être sur ses gardes

Selon François Bourdon, vice-président et gestionnaire de portefeuilles principal chez Fiera Capital, il y a 40% des chances que l'on assiste en 2010 à une reprise modérée, c'est-à-dire à un taux de croissance de 2%.

Dans ce cas, les banques centrales commenceront à relever les taux d'intérêt vers le mois d'août ou septembre.

Dans ce contexte, il prévoit que les actions s'apprécieront d'environ 6%, mais que les obligations auront un faible rendement, en bas de 1%, car la hausse des taux causera une baisse de leur prix qui grugera les intérêts reçus.

Au deuxième rang, avec une probabilité de 35%, vient le scénario d'une croissance économique qui retombera à zéro, et même en bas, en 2010, après quelques trimestres positifs.

Dans ce cas, le marché boursier se ferait malmener. L'indice S&P 500 retournerait alors à 800, soit une chute de 30%. Comme les banques centrales n'oseront pas augmenter les taux d'intérêt dans un tel contexte, les obligations réaliseront un rendement de 5 à 6%.

Le temps est à la prudence, ajoute-t-il. Il faut se méfier des secteurs reconnus pour leur forte variabilité, tels l'énergie et les matériaux, ainsi que ceux liés aux taux d'intérêt, principalement les utilités publiques.

Les secteurs de la technologie, des services financiers et de la consommation de base seront les plus porteurs. Mais pour l'ensemble, il faut sous-pondérer les actions, conclut-il.

Accepter des rendements modérés

Comme c'est le cas depuis plus de six mois, les marchés boursiers vont continuer de réaliser des rendements supérieurs à ceux des obligations, mais il ne faut pas s'attendre à ce qu'ils soient très élevés, explique Jean Duguay, vice-président Placements pour le Groupe Eterna, des gestionnaires de portefeuilles de Québec.

Ce sont les pays émergents, principalement l'Inde et les pays d'Asie, qui connaîtront la croissance économique la plus forte au cours des prochains 12 mois, selon lui. Il importera donc d'investir dans des entreprises américaines qui exportent à l'extérieur des États-Unis pour capter cette croissance.

Étant donné la demande des pays émergents en matériaux et en ressources naturelles, le marché boursier canadien va continuer de bien faire, selon lui. Il favorise les secteurs des matériaux, de l'énergie et de la technologie.

Quant aux financières canadiennes, les banques et les compagnies d'assurances ont déjà remonté substantiellement. À court terme, ce sont plutôt les banques américaines qui pourraient faire mieux, selon lui.

Banques américaines

Étant donné que les banques canadiennes ont retrouvé leur niveau d'avant la chute des marchés, ce sont les banques américaines qui recèlent le meilleur potentiel haussier chez les financières, pense Jean Duguay.

Ses choix sont Wells Fargo (WFC), dont le réputé investisseur Warren Buffett continue d'accumuler les actions, et Bank of America, qui s'est relevée de la tourmente du printemps dernier.

Les manufacturiers américains de produits de consommation devraient bien faire également. Pepsi (PEP) et Johnson & Johnson (JNJ) sont dans sa ligne de mire.

Quant au secteur de la technologie, M. Duguay se tourne également du côté américain, où ses titres préférés sont Intel (INTL) et Microsoft (MSFT).

Au Canada, ce sont des titres énergétiques et cycliques qui l'attirent le plus. Suncor Énergie (SU), pour le potentiel que recèle l'acquisition de Petro-Canada au printemps, et Canadian Natural Resources (CNQ), qui table à la fois sur le pétrole et le gaz naturel.

Chez les cycliques, l'agriculture retient son attention. Agrium (AGU) et Potash (POT) sont pour lui deux incontournables.

Et il ne faut pas oublier les métaux. Teck Resources (TCK.B) est son choix puisque ses activités s'étendent au cuivre, au charbon métallurgique, au zinc et à l'énergie.

L'importance de rééquilibrer son portefeuille

La remontée spectaculaire des Bourses a été à l'image de la chute, et le pire est maintenant derrière nous, selon Denis Gauthier, directeur général, Gestion des services aux particuliers à la Banque Nationale.

Son approche consiste à rééquilibrer son portefeuille en diminuant les positions dans les secteurs qui ont beaucoup monté et en redéployant les liquidités générées vers ceux qui ont moins monté. «Au fil des ans, le rééquilibrage a produit des résultats probants», dit-il.

Cette façon de faire permet à l'investisseur de cristalliser les gains réalisés lors de la remontée des Bourses, tout en ramenant le degré de risque à un niveau compatible avec son profil d'investisseur.

Par exemple, le secteur des métaux de la Bourse de Toronto est en hausse de plus de 60% depuis le creux des marchés au mois de mars. «Il est temps de prendre des profits en vendant une partie des positions de ce secteur et rééquilibrer vers d'autres secteurs», dit M. Gauthier. Le domaine de la technologie en est un qui se porte bien et qui devrait poursuivre sur sa lancée. «C'est un secteur qui va bien lorsqu'on sort d'une récession», dit-il.

Le Canada, un terrain propice

Si l'on mise sur une croissance mondiale, il faut conserver une exposition aux pays émergents par des investissements dans le secteur des ressources, explique Christian Godin, vice-président principal chez Montrusco Bolton.

De par sa composition, sa réglementation et sa profondeur, le marché canadien offre cette possibilité. Les secteurs de l'énergie, des matières premières et des financières sont les plus représentés à la Bourse de Toronto.

Voilà une diversification intéressante dans le contexte actuel. De plus, le Canada profite d'une solide réglementation de ses institutions financières.

Enfin, la Bourse canadienne représente aujourd'hui 5% de la capitalisation boursière mondiale. Cela lui assure profondeur et liquidité, selon M. Godin. «Ces facteurs justifient de détenir un portefeuille diversifié au Canada», dit-il.

Pour le faire, il suggère aux particuliers de simplement acheter un des fonds négociés qui reproduisent la performance des indices de la bourse de Toronto, soit le XIU pour l'indice S&P/TSX 60, ou le XIC pour l'indice composé.