L'Ordre des ingénieurs du Québec a soumis à l'Office des professions un projet de règlement pour rendre obligatoire la formation continue durant toute la carrière de ses membres.

S'il est adopté, les ingénieurs devront suivre des cours et activités de perfectionnement à raison de 30 heures aux deux ans.

«Déjà, le code de déontologie oblige l'ingénieur à se tenir à jour dans sa pratique, mais il n'y a rien d'aussi formel, explique la présidente de l'Ordre, Maud Cohen. Or, c'est un enjeu important car le développement professionnel est un gage de protection du public. On considère qu'il est nécessaire de formaliser le développement des ingénieurs.»

Aujourd'hui, la science et les technologies évoluent tellement vite que les connaissances acquises deviennent rapidement obsolètes.

«Quand j'ai commencé mes études, l'apparition des ordinateurs personnels ne faisait que commencer, et à l'université, on entendait parler des règles à calcul, se souvient Étienne Couture, président du Réseau des ingénieurs du Québec, qui a obtenu son diplôme en 1993. Aujourd'hui nous sommes à des années lumières de cela. Des plans sont faits en Inde la nuit pendant que l'on dort, et ils arrivent sur notre bureau le lendemain matin.»

Si l'on pouvait dire, autrefois, que plusieurs années d'expérience étaient un gage de compétence, ce n'est plus le cas aujourd'hui parce que les technologies évoluent trop rapidement, selon Maud Cohen.

«Par exemple, auparavant, on évaluait les sols de façon complètement différente d'aujourd'hui, dit-elle. Maintenant on utilise des biotechnologies.»

Pour répondre aux besoins en formation, l'Ordre met au point des cours en collaboration avec les maisons d'enseignement. «Quand on voit qu'une lacune se répète, on met des formationssur pied», remarque-t-elle.

Et ce n'est pas toujours du côté technique que les ingénieurs ont besoin d'être formés.

Le fait qu'ils soient de plus en plus appelés à oeuvrer en multidisciplinarité avec d'autres professions nécessite l'acquisition de compétences complémentaires, comme les communications.

«L'ingénieur n'évolue plus en vase clos; il doit jouer un rôle d'intégrateur et composer avec des chimistes, des avocats, des urbanistes. Il n'a pas seulement besoin de développer de bonnes solutions techniques; il faut aussi qu'il diffuse ces solutions, les explique et les vende», ajoute la présidente.

Le Réseau des ingénieurs offre, lui aussi, plusieurs cours de perfectionnement dans divers domaines. Une cinquantaine de cours sont offerts à l'automne et à l'hiver, et une vingtaine au printemps, dans différents domaines, du génie à la gestion de projets et la gestion stratégique. Les besoins de membres sont régulièrement identifiés par des sondages, et les formations visent à fournir aux ingénieurs des outils applicables dès leur retour au travail. La formation est donnée à Montréal et à Québec et, sur demande, en entreprise.

«Une majorité d'ingénieurs accède rapidement à des postes de gestion et la formation sur les aspects financiers des entreprises, les enjeux de gestion d'équipe et de leadership, entre autres, est importante dans leur progression de carrière», explique Étienne Couture.