L'industrie des services financiers est souvent montrée du doigt.

On reproche à des employés de se trouver en conflit d'intérêts... et ce sont les clients qui en font les frais.

C'est que les fonctions conseil et distribution sont généralement assumées par la même personne.

Le conseiller peut-il offrir un conseil juste et de qualité, alors que sa principale motivation est de vendre par la suite différents produits financiers?

Le courtier en valeurs mobilières, dont la rémunération dépend du volume de transactions qu'il effectue, peut-il adéquatement conseiller une clientèle sur la meilleure stratégie à adopter?

Jean-Pierre Ouellet, haut dirigeant de RBC Valeurs mobilières jusqu'à sa retraite l'année dernière, confirme qu'il existe toujours des situations de conflit d'intérêts, mais il ajoute que de grands pas ont été faits depuis 2001 afin de les éliminer le plus possible.

L'éclatement de la bulle des technos a forcé les firmes de courtage à revoir leur façon de faire et à dresser des murs entre la recherche et la distribution.

Pour Luc Labelle, président de la Chambre de sécurité financière, la question du chevauchement du conseil et de la distribution ne préoccupe pas beaucoup l'organisme de réglementation qu'il dirige, car elle est plutôt théorique.

«La distribution n'existe pas sans le conseil, dit-il. Dans les plaintes que reçoit l'organisme, on ne peut pas séparer les deux fonctions. Ce n'est sûrement pas généralisé de voir l'intérêt du conseiller passer en premier.»

La loi oblige les conseillers financiers à prendre d'abord l'intérêt du client, rappelle Jean St-Gelais, président de l'Autorité des marchés financiers (AMF). «Et c'est justement pour éliminer ces conflits d'intérêts que la loi est ainsi faite», dit-il.

Mais l'AMF, en plus de veiller à la protection du consommateur, a aussi une responsabilité en ce qui concerne le développement de l'industrie des services financiers.

«L'organisme doit continuellement maintenir l'équilibre entre ces deux pôles,» dit-il.

À ce chapitre, le travail de l'AMF n'est jamais fini, admet-il. «On ne doit pas freiner l'innovation, mais celle-ci doit se faire dans la transparence et le respect du client.»

C'est pourquoi l'AMF demande maintenant une plus grande divulgation quant aux risques et aux coûts lorsque l'industrie amène sur les marchés de nouveaux produits, tels les billets protégés.

La récente réforme de l'inscription aidera à éliminer ces conflits d'intérêts, explique Éric Laflamme, membre de l'équipe de direction de la gestion de patrimoine à la Banque Nationale.

Le règlement 31.103 assurera plus de transparence, car il comporte des règles quant à la divulgation de la rémunération.

«Mais avant tout, c'est l'obligation du conseiller d'amener le client dans le bon canal», dit-il.