Très attendu au procès Norbourg, le témoignage du cousin de Vincent Lacroix, David Simoneau, qui fut un des premiers employés de la firme de fonds déchue, s'est amorcé dans un climat très tendu en fin d'après-midi hier, au palais de justice de Montréal.

Car dès les premières questions du procureur de la Couronne, Serge Brodeur, les avocats des cinq complices présumés de Lacroix ont fait objection à plusieurs reprises aux «tentatives de rehausser la crédibilité du témoin» devant les 12 jurés.

En cause, selon la défense, les termes de l'immunité judiciaire consentie à David Simoneau pour obtenir sa collaboration comme délateur à l'enquête policière chez Norbourg, après la perquisition d'août 2005.

Les objections de la défense ont même incité le juge Richard Wagner à faire une mise en garde spécifique aux jurés quant à leur mandat de «recherche de vérité et d'évaluation de la crédibilité des témoins».

Quelques minutes plus tôt, le juge avait dû faire sortir brièvement de la salle d'audience le jury à la demande d'un avocat de la défense, afin d'élucider une autre dispute concernant des points de droit avec les procureurs de la Couronne.

Bref, ce fut toute une entrée pour David Simoneau, 31 ans, à titre de témoin principal de la Couronne afin de convaincre le jury des 722 chefs d'accusation de fraude, de fabrication de faux documents et de complot déposés contre les cinq ex-adjoints de Lacroix.

Cette première partie du témoignage de David Simoneau, hier, n'aura finalement duré qu'une quarantaine de minutes.

Il sera de retour à la barre lundi matin, pour la suite d'un interrogatoire par la poursuite et d'un contre-interrogatoire de la défense qui s'annoncent longs et vigoureux par moments.

Mais hier, en dépit des fréquentes querelles de procédures entre avocats, David Simoneau a pu résumer aux jurés ses liens familiaux avec Vincent Lacroix. «C'était le grand cousin quand j'étais petit. Nos mères étaient deux soeurs. Nos familles étaient très proches et on se voyait souvent», a relaté Simoneau.

Quant aux circonstances de son embauche chez Norbourg dès 1998, alors qu'il n'avait qu'un diplôme de cinquième secondaire et quelques cours d'administration du collégial à son actif, David Simoneau a décrit le rôle de Vincent Lacroix comme celui d'un guide professionnel.

«Je n'avais aucune connaissance ou compétence en finances. Mon expérience et mes connaissances venaient surtout de Vincent», a-t-il indiqué aux jurés.

C'est ainsi qu'au fil des ans chez Norbourg, jusqu'à la perquisition policière d'août 2005, David Simoneau s'est vu confier diverses tâches de tenue de livres et de gestion de banques de données boursières.

À la reprise de son témoignage, lundi, on devrait en apprendre davantage sur sa collaboration subséquente avec les enquêteurs de police. Aussi, on devrait en savoir plus sur sa perception du rôle des cinq présumés complices de Vincent Lacroix dans la fraude des fonds Norbourg, qui a floué 9200 investisseurs de quelque 130 millions de dollars.