«Une nouvelle autoroute peut amener beaucoup à une région. Mais, elle peut aussi vider une région si on ne s'en occupe pas. Nous, on a décidé de s'en occuper.»

Cette phrase de Jean-Michel Billette résume l'idée derrière la mise sur pied du Comité des retombées économiques de l'Autoroute 30, mieux connu sous l'acronyme CRÉA-30.

Selon M. Billette, coordonnateur et principal responsable du comité, il était hors de question que Salaberry-de-Valleyfield regarde le train passer sans tenter de profiter de la manne entourant la construction d'un nouveau tronçon de l'autoroute 30, un projet public-privé de plus de 1,5 milliard qui comprend évidemment des kilomètres de bitume, mais aussi deux ponts et un tunnel.

Et, bonne nouvelle, grâce à la mobilisation de la population et des gens d'affaires, les retombées directes et indirectes atteignent déjà près de 80 millions et touchent près de 70 entreprises.

«Et les travaux de construction de l'autoroute commencent à peine», s'enthousiasme Jean-Michel Billette, 29 ans, diplômé en administration, et trilingue de sucroît. C'est d'ailleurs entre autres parce qu'il parle la langue de Cervantès, et qu'il peut donc communiquer avec le consortium espagnol qui gère le projet de la nouvelle autoroute, que le jeune homme a été nommé coordonnateur du CRÉA-30.

Les retombées qui émanent de la 30 permettront non seulement de créer des emplois, mais dans plusieurs cas, d'éviter des mises à pied dans des secteurs où la crise économique fait mal.

C'est le cas de la PME Atelier d'usinage Quenneville. L'entreprise de 40 employés a eu la brillante idée d'acheter la table de coupe au laser d'un de ses sous-traitants qui a fermé boutique le printemps dernier. Résultat: en plus d'offrir de l'usinage et de la soudure, la PME fabrique des pièces d'acier sur mesure qui serviront dans l'aménagement de la nouvelle autoroute 30.

«Ça m'évite de mettre à pied trois ou quatre personnes. Et comme on fait des affaires avec des clients qui seront appelés à devenir des sous-traitants de la nouvelle autoroute 30, on va même devoir embaucher des gens», explique Renée Demers, présidente d'Atelier d'usinage Quenneville.

Pour l'heure, les grands gagnants, c'est-à-dire ceux qui profitent les plus des retombées de la 30, sont évidemment les entreprises du monde de la construction.

Béton Brunet, une entreprise familiale qui en est à sa troisième génération, est à n'en point douter la grande gagnante sur le territoire de Salaberry-de-Valleyfield.

La PME de 300 employés va doubler son chiffre d'affaires au cours des trois prochaines années et créer 60 nouveaux postes grâce à des contrats totalisant près de 100 millions, dont une partie se fera en collaboration avec l'entreprise Uni-Béton.

Pour Bernard Brunet, président de Béton Brunet, cette manne est une excellente nouvelle. «Ça va nous permettre non seulement de créer des jobs, mais aussi d'avoir la technologie et les infrastructures nécessaires pour d'autres gros contrats qui s'en viennent à Montréal, dont l'autoroute Métropolitaine et l'échangeur Turcot», explique l'entrepreneur, qui prévoit investir quelque 6 millions (terrains, camions, centrale pour mixer le béton, etc.)

 

RETOMBÉES ET AUTRES AVANTAGES

Sur son site, le CLD de Beauharnois-Salaberry fait preuve de beaucoup d'enthousiasme en énumérant toutes les retombées économiques et les avantages associés à la construction du nouveau tronçon de l'autoroute 30. En voici quelques exemples.

Création de 18 900 emplois durant la construction du tronçon ouest et de 450 emplois par an pendant les 30 prochaines années.

Économie de temps de déplacement estimée à 222 millions par an.

Retombées économiques évaluées à plus de 200 millions pour les parcs industriels de la MRC de Beauharnois-Salaberry.

Investissements évalués à plus de 5 milliards sur une période de 30 ans pour les trois MRC locales.

Réduction de la distance moyenne pour accéder au réseau autoroutier de 18 à 7,74 km.