Toutes les villes ont un objet de fierté: une anecdote historique, la naissance d'un personnage célèbre, un édifice particulièrement remarquable, un site naturel privilégié.

À Sorel, c'est le sapin de Noël.

Tout Sorelois qui se respecte sera fier de vous apprendre que c'est à Sorel, le 24 décembre 1781, que fut illuminé le premier sapin de Noël en Amérique du Nord.

Le héros de cette histoire est le général Friedrich Adolf von Riedesel, arrivé au Canada en 1776 à la tête de 4300 mercenaires allemands engagés par les Britanniques pour mater l'insurrection américaine.

L'année suivante, il est battu à plate couture et fait prisonnier par les Américains. Libéré en 1779, il est transféré en 1781 à Sorel par le gouverneur anglais de la province de Québec, Sir Frederick Haldimand. Il s'installe dans ce qui est aujourd'hui la Maison des Gouverneurs (joyau du patrimoine historique sorelois), et c'est dans cette maison que la baronne von Riedesel installera un sapin de Noël, longue tradition allemande à peu près inconnue hors d'Allemagne à cette époque.

Au moment où les Riedesel reçoivent leurs invités pour Noël 1781, Sorel est déjà une vieille ville selon les critères nord-américains.

Fondée en 1665, c'est la quatrième ville en ancienneté du Canada, après Québec, Trois-Rivières et Montréal. Autre motif de fierté pour les Sorelois.

La longue histoire de Sorel-Tracy est surtout celle d'une ville qui a profité d'un développement économique important avant de connaître le déclin.

Dès le début des années 1800, Sorel accueille ses premiers chantiers navals. La construction navale, et toute l'activité économique qu'elle entraîne (fonderies, scieries, briqueteries, manufactures spécialisées) deviendra pendant près de 150 ans l'image de marque de Sorel.

Des chantiers réputés

La réputation de ses chantiers, de ses fonderies et de son port, qui prend beaucoup d'importance, dépasse largement les frontières du Québec.

L'économie soreloise connaît son âge d'or lors de la Deuxième Guerre mondiale, alors que ses chantiers emploient plus de 10 000 travailleurs. Entre 1941 et 1951, la population de la ville double.

Après toute cette effervescence, la région est durement touchée par le déclin de la construction navale, dorénavant dominée par des géants sud-coréens et japonais imbattables sur le plan de la compétitivité. Certes, Sorel a survécu à ce coup dur et conserve d'importants employeurs, dont en premier lieu QIT-Fer et titane, qui fournit à lui seul 1500 emplois bien payés.

Aujourd'hui, le revenu personnel disponible atteint 23 247$ dans la municipalité régionale de comté (MRC) Pierre-de-Saurel, 14% de moins que la moyenne en Montérégie.

Mais le revenu ne dit pas tout. La région est lourdement dépendante des programmes sociaux. Dans l'ensemble de la Montérégie, pour chaque tranche de 100$ de revenus, 17,35$ proviennent des programmes sociaux comme l'aide sociale, l'assurance emploi, le crédit d'impôt pour TPS, les pensions de vieillesse, la prestation fiscale pour enfants, etc. Dans la région de Sorel-Tracy, ce niveau de dépendance grimpe à 27,22$.

La MRC abrite 3,6% de population de la Montérégie. Pourtant, elle compte plus de 10% des assistés sociaux chroniques (10 ans et plus de prestations) et aptes au travail.

Comme si cela n'était pas assez, la ville n'a pas un très bel aspect. Que vous l'approchiez par l'autoroute ou par le traversier de Berthierville, le premier mot qui vous vient à l'esprit, c'est «pollution». Et la citrouille sur le gâteau: la ville s'est fait une assez douteuse réputation comme repaire des Hell's ...

Aspects intéressants

Un des aspects les plus intéressants de ce portfolio sur la grande région de Sorel-Tracy est de montrer que les gens sont loin de baisser les bras.

Ma collègue Martine Letarte y rapporte notamment toute une série d'initiatives prometteuses dans les secteurs agroalimentaire et industriel.

Il existe déjà à Sorel une agréable promenade aménagée le long du Saint-Laurent, mais le projet de réaménagement des quais, envisagé par l'administration municipale, est carrément plus emballant.

Il s'agit de transformer un des secteurs les plus laids de la ville en un coin agréable où, pour reprendre l'expression du maire, «les gens pourront s'installer sur des terrasses pour manger ou prendre un verre tout en admirant la vue».

Mais surtout, il faut lire l'entrevue avec Josée Plamondon, directrice générale du Centre local de développement, qui explique comment Sorel-Tracy,»longtemps reconnue comme une des régions les plus polluantes du Québec», est en train de se recycler en «pôle de savoir en écologie industrielle».