Trois petits degrés en ce matin du mois d'août. Le soleil se lève sur ce village sans arbres. Des hôtels et des motels surtout, un grand magasin à rayons où on trouve de tout, un vieil édifice de la marine canadienne. Puis, à l'extrémité ouest de la ville, entre mer et rivière, un grand élévateur de grains et un bateau blotti derrière.

Bienvenue à Churchill, « capitale mondiale des ours polaires ». Mais la petite capitale boréale a déjà été plus en forme. L'année 2009 est plutôt terne.

Au printemps, la communauté a connu des problèmes d'approvisionnement pour la deuxième fois en un an, tellement le rail qui mène à Churchill est en piteux état. Les tablettes des magasins étaient vides et les restaurants manquaient d'aliments.

Malgré le rail chancelant, la récession a trouvé son chemin jusqu'à Churchill, qui survit en grande partie grâce aux milliers de touristes de partout dans le monde qui viennent chaque année y observer les ours, les bélugas, les oiseaux, et admirer les aurores boréales.

« Cette année, l'activité économique a baissé de 50 %, n'hésite pas à affirmer Rose Preteau, présidente de la Chambre de commerce. Des gens avaient réservé et ont annulé. Ils sont plus prudents. »

Le climat est aussi une bête capricieuse, et il a joué contre Churchill en 2009. « On n'a pas eu de printemps, dit Mme Preteau. La saison d'observation des oiseaux (avril et mai) a été quasi inexistante. »

Et le port n'a lancé sa saison que très tardivement, à la mi-août.

Churchill a déjà connu de meilleurs moments. La base militaire a longtemps été l'épine dorsale de Churchill, poussant la population jusqu'à 6000 personnes. Mais tout a été démantelé, sauf l'aéroport. La ville compte maintenant moins d'un millier d'âmes. En fait, 983 selon le dernier recensement.

Le port, construit en 1929, a connu son âge d'or dans les années 60 quand le transport maritime se faisait dans les deux sens. « On importait du scotch-whisky, et de l'équipement agricole », raconte le maire Mike Spence.

Depuis, le port a été négligé par le gouvernement dans les deux dernières décennies du XXe siècle. Mais la communauté espère toujours qu'il retrouve son lustre d'antan.