L'eau est un enjeu central du développement durable à Montréal.

En 2002, un événement malheureux est venu illustrer l'urgence d'investir massivement dans les infrastructures.

«En pleine nuit, un tuyau s'est brisé sur le boulevard Pie-IX et en trois heures, 10 millions de gallons d'eau ont inondé le secteur. Pendant les neuf ou 10 jours qui ont été nécessaires pour réparer tout ça, les gens n'avaient pas d'eau», se souvient Alan DeSousa, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal responsable du développement durable.

L'administration a donc analysé l'état des infrastructures. Des études on conclu que déjà, à l'époque, 3% des égouts avaient dépassé leur durée de vie estimée et que si rien n'était fait, dans 20 ans, ce serait le cas de 15% du réseau.

Il est donc devenu évident que les besoins étaient criants, que ce soit dans le domaine du réseau d'eau, des égouts ou encore, du traitement des eaux usées.

Et fait, au cours des 10 prochaines années, il a été évalué que 10 milliards d'investissements seraient nécessaires. Pour y arriver, le Fonds de l'eau a été mis sur pied.

«En 2003, nous avons investi 282 millions dans les infrastructures liées à l'eau et chaque année, le montant a augmenté. En 2009, c'est un total de 350 millions que nous investirons», indique M. DeSousa.

Changements climatiques

D'année en année, les stratégies de gestion de l'eau doivent être adaptées notamment en raison des changements climatiques. «Maintenant, les pluies sont plus fortes qu'auparavant et cela nous donne des défis importants à relever», indique M. DeSousa.

Bien des citoyens exaspérés trouvent que la Ville de Montréal ne bouge pas assez rapidement dans le dossier. Toutefois, M. DeSousa affirme que plusieurs projets sont en préparation. Entre autres, la Ville souhaite construire un grand bassin de rétention près du collecteur Leduc qui traverse le territoire de Saint-Laurent, un arrondissement particulièrement touché par les refoulements d'égouts.

La construction qui s'échelonnerait sur trois ans permettrait de soulager le système d'égouts lorsque de fortes pluies s'abattent sur le secteur.

«Nous attendons actuellement des réponses des gouvernements fédéral et provincial parce que nous avons besoin d'eux pour financer ce projet, qui nécessiterait un investissement de plus de 60 millions», affirme Alan DeSousa, également maire de l'arrondissement de Saint-Laurent.

Actions citoyennes

Les citoyens peuvent aussi faire des gestes pour tenter de diminuer les conséquences fâcheuses des fortes pluies sur leur environnement.

Entre autres, il est fortement conseillé aux propriétaires de maisons de faire installer des clapets anti-retour pour éviter des dommages dans leur sous-sol lors de fortes pluies.

Les citoyens sont aussi invités à équiper leur gouttière d'un dispositif qui oriente l'eau de pluie vers la pelouse, le potager, les arbres et les fleurs du terrain. Ainsi, l'eau absorbée par la végétation n'ira pas engorger les égouts municipaux.

Les propriétaires doivent toutefois faire très attention pour diriger l'eau à au moins 1,5 mètre des fondations de leur résidence afin d'éviter les infiltrations d'eau.

Les propriétaires peuvent aussi raccourcir leur gouttière et la placer au-dessus d'un baril qui récupère l'eau de pluie, et ensuite s'en servir pour arroser leurs plantes (voir autre texte).

«Les citoyens doivent prendre conscience qu'ils peuvent faire une différence dans la gestion de l'eau de pluie et on doit les informer des moyens d'y arriver», affirme M. DeSousa.

 

Les barils de pluie en projet-pilote

Un projet-pilote d'installation de barils de pluie sous les gouttières de toit en pente a été lancé dernièrement à Montréal en partenariat avec SOVERDI, un organisme spécialisé dans la réduction des zones de chaleur intense. L'initiative a comme objectif de sensibiliser les citoyens au rôle qu'ils ont à jouer dans la gestion de l'eau de pluie. Déjà, grâce au soutien financier de l'Institut national de santé publique du Québec, 500 foyers sélectionnés par les Éco-Quartiers de Cartierville et de Notre-Dame-de-Grâce ont reçu gratuitement un baril de pluie et ses accessoires. Le nombre de foyers devrait passer à 1000 d'ici 2010. «Le projet permet de mesurer la réceptivité des propriétaires et résidants à installer sur leur terrain un système de récupération de l'eau de pluie», indique Pierre Bélec, directeur général de SOVERDI. À ce jour, moins d'un propriétaire sollicité sur cinq a répondu positivement à l'offre. C'est donc évident qu'il reste encore beaucoup de travail de sensibilisation à faire.»