L'ascenseur arrive. On descend pendant trois minutes. Un kilomètre plus bas, nous voici dans un labyrinthe souterrain. Les galeries couvrent un immense territoire qui fait 20 km par 8 km. Bienvenue au pays de l'or rose.

La première chose qui frappe quand on descend dans une mine de potasse, c'est la couleur des murs. Ils sont rosés, la couleur du minerai mélangé au sel et à la glaise. Il y a tellement de sel que la poussière a un goût salé.Dans une voiturette, on roule à une quarantaine de kilomètres à l'heure. On tire une corde, une porte d'aération s'ouvre et nous voilà repartis dans des galeries rosées qui semblent sans fin.

Au bout, une immense machine. C'est un broyeur, avec deux grandes roues frontales pleines de dents qui broient la roche qui sera ensuite remontée à la surface. C'est ce minerai qui est traité pour faire de l'engrais qu'on épand dans les champs.

De la potasse, la Saskatchewan en a pour 600 ans, selon les données de la province. Les réserves sont réparties dans une dizaine de mines comme celle d'Agrium, à Vanscoy, à 30 minutes de Saskatoon. C'est environ 30% des réserves mondiales.

«La potasse, ça représente leur Hydro-Québec», avance Sylvain Charlebois, de l'Université de Regina.

Sauf que, cette année, les volumes vendus sont en forte baisse, les prix aussi depuis quelques mois. Tant et si bien que le ministre des Finances, Rod Gantefoer, a dû refaire ses devoirs en août. Lui qui prévoyait dans son budget que les redevances sur la potasse allaient rapporter près de 2 milliards de dollars, n'en espère plus que 640 millions. N'empêche, le budget restera équilibré.

À moyen terme, il y a de l'espoir, si on se fie à l'analyste John Redstone, de Valeurs mobilières Desjardins, qui voit un rebond de la demande en 2011. «La crise financière a réduit l'utilisation de fertilisants à de bas niveaux insoutenables», soutient-il. Dans les deux prochaines années, le prix des fertilisants devrait donc augmenter parce que les agriculteurs devront nourrir leur sol, selon lui, et parce que la production aura été réduite.

À court terme, ce qui aide le ministre Gantefoer, c'est le prix du pétrole, qui se négocie au-delà de ses prévisions.

L'économiste Sébastien Lavoie, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, est particulièrement optimiste concernant la Saskatchewan. Il estime qu'elle connaîtra la meilleure croissance de toutes les provinces en 2010 et 2011, avec une progression de 2,9%, suivie de 3%. Et ce ne serait qu'un début.

«À moyen terme, croit-il, la formation rocheuse Bakken située au sud-est de la Saskatchewan renferme un potentiel de 25 à 100 milliards de barils de pétrole léger qui pourrait faire positionner la province dans le peloton de tête de croissance pour plusieurs années.»

Potasse, pétrole, avec en prime l'agriculture et d'importantes réserves d'uranium: un bouquet de ressources diversifiées. «Quand un secteur va moins bien, explique M. Charlebois, d'autres peuvent prendre la relève.»

Sur la route

PAYÉ

... plus cher! Regina et Saskatoon sont les deux villes canadiennes où les prix à la consommation ont le plus augmenté depuis un an (+1,4% et +0,7%). Montréal et Québec suivent, à +0,6%. Partout ailleurs, les prix ont diminué d'août 2008 à août 2009.

APPRÉCIÉ

Les 33 degrés à Saskatoon samedi. Pendant que les propriétaires de motomarines s'en donnaient à coeur joie sur la rivière Saskatchewan Sud, en plein Saskatoon, les agriculteurs remerciaient Dame Nature de ce temps clément qui sauvera une partie de leurs récoltes.

RI

Devant le slogan de Biggar à l'entrée de la ville: «New York is big... But this is Biggar». Rien de moins!