Impossible de parler du développement du Nord sans parler des Premières Nations. Parce qu'au nord du 49e parallèle, on retrouve le territoire ancestral de bien des communautés où, encore aujourd'hui, on chasse, on pêche et on piège. Irréconciliable, tout cela?

Au gouvernement du Québec, on clame haut et fort que le Plan Nord sera défini en partenariat avec les communautés autochtones.

«Nous sommes en processus de consultation avec les communautés avec lesquelles nous avons signé des conventions - les Cris, les Inuits et les Naskapis - avec les communautés innues avec lesquelles nous sommes en négociations, mais aussi, avec les autres communautés autochtones et non autochtones touchées par le développement du Nord», affirme Pierre Corbeil, ministre responsable des Affaires autochtones.

En fait, le gouvernement du Québec n'a d'autre choix que de se livrer à un large processus de consultation. Récemment, la Cour suprême du Canada a jugé qu'avant de lancer des projets susceptibles de porter atteinte aux droits des peuples autochtones, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux avaient l'obligation de consulter et, dans certains cas, d'accommoder les peuples autochtones même si leurs droits ancestraux n'ont pas encore été reconnus, affirme Pierre-Christian Labeau, avocat responsable de l'équipe Droit autochtone chez Ogilvy Renault.

«Les gouvernements doivent consulter tous les peuples autochtones qui ont des revendications sur le territoire concerné par le projet. S'il appert que le projet portera préjudice aux droits revendiqués, le gouvernement pourrait avoir l'obligation d'accommoder les communautés de façon à en atténuer l'impact le plus possible», explique-t-il.

Le ministre québécois des Affaires autochtones, Pierre Corbeil, a souligné que déjà, quelques communautés ont été rencontrées. «Nous avons fait une première tournée l'an dernier pour connaître leur intérêt par rapport au Plan Nord et leur vision de développement de ce nouvel espace économique. C'est de cette façon que nous sommes arrivés à cibler des enjeux prioritaires, comme l'accès au territoire, la formation de la main-d'oeuvre, la question des habitations disponibles au Nunavik et l'adaptation des services gouvernementaux pour les populations du Nord.»

À l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador, on confirme avoir reçu cette visite de M. Corbeil, il y a environ un an. «Mais il ne s'y est pas dit grand-chose. Il n'avait rien de concret», nuance toutefois le chef, Ghislain Picard.

«J'ai même précisé lors de la rencontre qu'en aucun cas, ce passage ne devait être considéré comme une consultation», ajoute-t-il.

En fait, les différentes communautés contactées par La Presse n'avaient pas encore eu l'occasion de discuter du Plan Nord avec des membres du gouvernement du Québec.

«Le gouvernement dit qu'il consulte, mais déjà, certaines orientations ont été prises avant même qu'on ait été consultés. J'ai appris ce qu'ils ont l'intention de faire avec le Plan Nord dans les journaux», indique Paul Gull, grand chef adjoint du conseil de bande de la communauté crie de Waswanipi.

Même son de cloche au Grand Conseil des Cris. «Les Cris n'ont pas été consultés. Pourtant, la Paix des braves a instauré un principe de coopération et de respect mutuel. C'est donc inacceptable que le gouvernement se contente de venir nous présenter le Plan Nord sans nous avoir impliqués dans le processus de développement», affirme Roméo Saganash, directeur des relations avec le Québec au Grand Conseil des Cris.

La Société Makivik, qui représente les Inuits du Nunavik, n'a pas encore eu la chance de discuter avec le ministre Corbeil du Plan Nord, mais le gouvernement a signifié son intention d'organiser une rencontre.

Au cabinet du ministre Corbeil, on indique qu'aucun calendrier n'a encore été fixé, mais que des rencontres se feront avec les élus des différentes nations.

«C'est bien évident que chaque projet suivra les processus de consultation et d'autorisation requis», a conclu le ministre.