De nature généralement méfiante lorsque le gouvernement annonce de grands projets d'exploitation de ressources naturelles, les groupes environnementalistes pourraient toutefois se réjouir de la mise en oeuvre du Plan Nord. À la condition toutefois que le gouvernement Charest respecte son engagement de protéger au moins 50% du territoire situé au nord du 49e parallèle.

«C'est un engagement qui a de l'ampleur», affirme Patrick Nadeau, coordonnateur conservation et foresterie à la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) au Québec. «Si le gouvernement tient parole, c'est un territoire de la superficie de la France environ qui sera protégé. Alors, c'est évident que cela aura un impact à l'échelle planétaire», ajoute-t-il.

Les groupes environnementalistes s'entendent toutefois pour dire qu'il est bien noble de vouloir protéger la moitié du territoire du Nord québécois, mais encore faudrait-il que cela se fasse de la bonne façon.

Il faut y aller avec doigté et délicatesse, souligne Christian Simard, directeur général de Nature Québec. «Il y a des réservoirs de carbone importants dans le Nord, comme les tourbières. Il y a aussi le pergélisol qui dégage du méthane en fondant, en raison des changements climatiques. Ce territoire subit d'importantes transformations même sans exploitation, alors il faut être doublement prudent. Avant de lancer des projets de développement, il faut s'assurer qu'on a bien déterminé ce qui doit être conservé», explique-t-il.

Selon M. Nadeau, biologiste de formation, l'identification des aires à protéger doit impérativement être faite en respectant les meilleurs critères scientifiques pour faire en sorte que les différentes fonctions des écosystèmes soient maintenues.

La Loi sur les mines est aussi un obstacle important à la conservation, d'après les environnementalistes. «Elle est au-dessus de toutes les lois et elle permet aux compagnies minières de geler un territoire afin de l'explorer, et ce, sur plus de 85% de la superficie du Québec, explique Christian Simard. Pendant ce temps, on ne peut plus rien faire sur ce territoire, pas même en faire une aire protégée.»

«Nous croyons que la Loi sur les mines du Québec est complètement dépassée et qu'il faut la réformer en profondeur pour réaliser le Plan Nord», dit pour sa part Patrick Nadeau.

Les environnementalistes se défendent toutefois d'être contre le développement.

«Le développement est nécessaire, affirme Christopher Beck, conseiller régional - Québec, Initiative boréale canadienne. Le problème, c'est que généralement, le travail de conservation ne se fait pas aussi rapidement que le développement.»

«Et il ne faudrait surtout pas que l'on se lance dans de gros projets hydroélectriques et miniers avant d'avoir déterminé les aires à protéger, parce qu'on pourrait faire des erreurs importantes», précise M. Nadeau.