Dans son dernier budget, le gouvernement Charest a annoncé son intention d'augmenter significativement son exportation d'énergie. Pour y arriver, il mise sur le nord-est des États-Unis.

Claude Béchard, ministre des Ressources naturelles et de la Faune, a d'ailleurs multiplié les opérations de charme ces dernières semaines chez nos voisins du Sud pour les convaincre notamment de signer des contrats à long terme d'approvisionnement en énergie avec le Québec.

«J'ai eu la chance de prendre la parole devant les membres de la New England Annual Energy Conference, qui comprend des gouverneurs, des organismes réglementaires et, évidemment, des distributeurs d'énergie. Je leur ai parlé de tout ce qui se passe au Québec, de notre grande volonté d'être plus présent au niveau de l'exportation et de notre intérêt à signer des contrats à long terme», a-t-il confié à La Presse Affaires, à peine revenu d'Albany, capitale de l'État de New York.

Auparavant peu enclins à signer de tels contrats, il semble que les Américains démontrent maintenant une belle ouverture.

«À la suite des hausses marquées du prix du pétrole et du gaz naturel l'an dernier, ils cherchent maintenant plus de stabilité dans leur approvisionnement en énergie. Nous voulons leur montrer que nous sommes là. D'autant plus que ces contrats à long terme stabiliseraient une partie de nos exportations, ce qui serait une très bonne chose pour faire avancer notre projet de construction de la nouvelle interconnexion entre le Québec et la Nouvelle-Angleterre», explique le ministre.

D'ailleurs, il y a deux semaines, la Federal Energy Regulatory Commission autorisait le Québec à entreprendre des pourparlers avec ses partenaires américains pour construire cette nouvelle ligne de transport d'énergie. Une décision importante attendue par le gouvernement Charest qui souhaite profiter de l'ouverture du président Barak Obama et de la hausse de la demande d'énergie verte pour augmenter significativement ses exportations d'hydroélectricité. Si tout se déroule comme prévu, la ligne de transmission pourrait devenir opérationnelle en 2014.

«Les États-Unis devront diminuer leur dépendance aux énergies fossiles pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Pour eux, se tourner vers l'hydroélectricité est une des solutions», croit Claude Béchard.

Il souhaite ainsi profiter de cette belle occasion d'affaires pour enrichir substantiellement la province. «L'Alberta a son or noir, nous avons notre or bleu», ajoute-t-il.

Mais encore faut-il avoir la possibilité de le faire.

«En 2004, nous avions seulement 1,5 térawattheure disponible pour l'exportation. En 2008, nous en avions 15. Nous en aurons encore davantage dans les années à venir avec tous les projets prévus», affirme-t-il.

L'an dernier, 8% de toute la production d'Hydro-Québec a été exportée, ce qui a engendré 32% de tout le bénéfice net de la société d'État.

«Lundi, à Albany, on parlait de doubler l'exportation», confie le ministre.

Claude Béchard souhaite également rassurer ceux qui craignent que les grandes ambitions de son gouvernement en matière de construction de nouveaux projets hydroélectriques et d'exportation aient comme conséquence de faire stagner les projets d'amélioration de l'efficacité énergétique.

«Nous faisons les deux, assure-t-il. Nous avons déjà déposé un plan d'ensemble en matière d'efficacité énergétique à la Régie de l'énergie. En plus de diminuer de moitié notre dépendance au pétrole, nous voulons économiser 11 térawattheures d'ici 2015, soit l'équivalent d'une centrale Manic 5. Pour y arriver, une série de mesures seront mises en place, notamment dans le domaine de la construction neuve, de la rénovation, auprès des gouvernements et des institutions.»