Il a 31 ans, une maîtrise en architecture et un bébé de 7 mois. Quand il est rentré de son congé de paternité au bureau d'architectes où il faisait son stage professionnel, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. «Encore en janvier, on nous a dit que l'année s'annonçait bien», se rappelle-t-il.

Puis, un gros projet a été gelé. Suivi d'un deuxième. Ces projets n'ont pas été vraiment annulés, mais plutôt mis sur la glace par des clients frappés par la mauvaise conjoncture économique. Mais forcément, l'argent a cessé d'affluer. «Tout a été mis sur pause. Et moi, j'étais le dernier rentré.» Le jeune père de famille a donc été remercié de ses services. Et il ne sera vraisemblablement pas le seul. Plusieurs de ses anciens collègues ont un pied dans le vide.

Ce nouveau chômeur préfère ne pas être identifié: l'étiquette «mis à pied» risque de mettre en péril sa recherche d'emploi, craint-il. Il n'en veut pas à ses anciens patrons. Il comprend qu'ils n'avaient pas le choix. «Ce n'est pas de la mauvaise volonté de leur part, mais ils n'ont pas vu venir le coup.»

Maintenant, il est inquiet. Sa femme travaille également dans un bureau d'architectes. Si la crise se prolonge, elle risque d'être touchée à son tour.

Or, la jeune famille est sur le point de déménager dans un appartement plus grand. Qui dit plus grand dit aussi plus cher. Et puis, ce poupon de sept mois, il faut le faire garder. Dans le quartier montréalais où ils habitent, les listes d'attente pour les garderies à 7$ dépassent deux ans. Et on fait même la queue pour des garderies privées, à 35$ par jour!

Le futur architecte a travaillé suffisamment longtemps pour avoir droit à des allocations de chômage. Mais dans les circonstances, ça ne lui permettra pas de joindre les deux bouts. Alors, il s'attaque à la recherche d'un nouveau boulot. Sauf que dans son domaine, «ça n'engage pas à la pelle».

«Si je ne trouve pas quelque chose rapidement, je devrai me réorienter...»